Un phénomène qui est bien mal documenté
OTTAWA | Le gouvernement Trudeau a récemment lancé une enquête pour mieux connaître l’envergure des « bébés passeport » après avoir minimisé longtemps son importance.
Phénomène en pleine explosion, il s’agit de femmes étrangères qui accouchent au Canada après avoir fait des milliers de kilomètres pour donner naissance ici dans un seul but : offrir la citoyenneté canadienne à son enfant. Le tout soulève des questions éthiques et légales.
« Le gouvernement admet enfin qu’il doit faire une étude, c’est un changement de cap assez significatif », soutient Andrew Griffith, un ex-haut fonctionnaire fédéral qui a publié des données inédites en novembre.
Les travaux de M. Griffith ont démontré que Statistique Canada sous-estime largement le nombre de naissances de mères étrangères au pays. Le gouvernement Trudeau s’entête pourtant à se fier à ces données qui sont contestées par des experts.
4500 ACCOUCHEMENTS
À titre d’exemple, l’agence dénombrait 313 naissances de mères étrangères dans tout le Canada en 2016. Or, la même année, 378 mères non canadiennes ont accouché uniquement à l’hôpital de Richmond, en Colombie-britannique, selon les chiffres fournis par le centre hospitalier.
L’étude de M. Griffith, qui n’a pas été contestée par Ottawa, démontre qu’environ 3600 mères étrangères ont donné naissance au Canada l’an dernier, sans compter le Québec. En additionnant les accouchements dans quelques hôpitaux montréalais, on en obtient environ 4500. De ce nombre, environ la moitié serait du tourisme obstétrique.
« Bien que ces statistiques indiquent que ce n’est pas une pratique très répandue, le gouvernement du Canada reconnaît la nécessité de mieux comprendre l’ampleur de cette pratique ainsi que ses répercussions », souligne le ministre de l’immigration Ahmed Hussen.