Legault veut doubler les échanges commerciaux avec la France
Le premier ministre québécois estime que les liens économiques avec l’hexagone sont nettement insuffisants
PARIS | En débarquant à Paris hier pour son premier voyage outremer à titre de premier ministre, François Legault avait une idée bien précise en tête : doubler les échanges commerciaux entre le Québec et sa mère patrie.
Si les liens sont forts à bien des égards entre la France et le Québec, c’est loin d’être le cas sur le plan économique à l’heure actuelle. Une réalité que l’ex-chef d’entreprise souhaite changer à tout prix.
Les échanges commerciaux entre l’hexagone et la province s’élèvent en ce moment à cinq milliards de dollars, bien moins qu’avec d’autres pays. À titre comparatif, l’état américain du Texas représente à lui seul le double des échanges commerciaux avec la France. Les échanges France-québec représentent l’équivalent de trois jours d’activités commerciales entre le Québec et les États-unis.
« C’est nettement insuffisant », a-t-il martelé en entrevue au Journal, à la Délégation générale du Québec à Paris.
« C’est presque ridicule quand on regarde les liens entre le Québec et la France de voir que les échanges sont à moins de cinq milliards par an. »
Environ 70 % des exportations québécoises aboutissent aux États-unis, a-t-il rappelé. La proximité géographique y est pour beaucoup. « Mais le Québec ne peut pas continuer à mettre tous ses oeufs dans ce panier-là. »
Il est d’avis que les gens d’affaires québécois doivent faire preuve de plus d’ambitions internationales, vers l’europe notamment.
« On le voit actuellement avec le protectionnisme, il y a un risque réel d’avoir autant de nos exportations chez les Américains. C’est beaucoup trop. »
MACRON AUJOURD’HUI
Son objectif est de doubler au cours des prochaines années les échanges entre le Québec et ses « cousins » français.
Pour y parvenir, François Legault s’entretient depuis hier avec de nombreux dirigeants d’entreprises, dont ceux de L’oréal, Keolis (la société française propriétaire des autocars Orléans Express), le géant bancaire BNP Paribas et bien d’autres.
Il rencontrera également le président français Emmanuel Macron, qui le recevra cet après-midi à l’élysée, avec tous les honneurs normalement réservés aux chefs d’état.
Ce n’est pas pour rien que cette première visite à l’étranger – après le Sommet de la francophonie qui s’est tenu en Arménie, juste après son élection, mais avant qu’il ne soit assermenté – sera principalement économique.
L’augmentation de la richesse des Québécois sera au centre de la vision internationale du gouvernement Legault, assure son « PDG ».
« Depuis 50 ans, on a beaucoup parlé de la question nationale. Mais je n’accepte pas qu’on soit plus pauvres que le reste du Canada, qu’on soit dépendants du reste du Canada économiquement. Pour changer ça, il faut attirer des investissements étrangers et augmenter les exportations, principalement dans le secteur manufacturier où les salaires sont élevés. »
La main-d’oeuvre qualifiée, les coûts relativement peu élevés de l’électricité et la réputation du Québec sur le plan environnemental figurent parmi les avantages de la province pour attirer des investissements, croit-il. Le fait que le Québec et la France aient une langue commune représente aussi selon lui un avantage qui pourrait faire de la province une « porte d’entrée de l’amérique du Nord » pour plusieurs sociétés.
C’est pour cette raison qu’il augmentera sous peu le nombre d’agents commerciaux à la Délégation générale du Québec à Paris, mais aussi dans d’autres postes diplomatiques du Québec. « Les objectifs économiques des délégations seront chiffrés. »
TEMPÉRER LES ATTENTES
Après Paris, il s’envolera pour Davos, où l’attendent jusqu’à vendredi de nombreuses rencontres avec des chefs d’entreprises dans le cadre du Forum économique mondial.
Certains d’entre eux ont déjà des projets d’investissement au Québec. D’autres, il l’espère, seront convaincus de le faire à l’issue de leur rencontre.
Mais François Legault modère les attentes envers ce premier périple en Europe.
« Je veux semer des graines. Ça ne fait pas quatre mois que je suis au pouvoir, ça ne serait pas réaliste de dire qu’on va signer des ententes pour augmenter les investissements au Québec ou les exportations québécoises en France ou ailleurs. Alors on va semer les graines. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. »