Le Journal de Quebec

Legault veut doubler les échanges commerciau­x avec la France

Le premier ministre québécois estime que les liens économique­s avec l’hexagone sont nettement insuffisan­ts

- Philippe Orfali l@ orfali

PARIS | En débarquant à Paris hier pour son premier voyage outremer à titre de premier ministre, François Legault avait une idée bien précise en tête : doubler les échanges commerciau­x entre le Québec et sa mère patrie.

Si les liens sont forts à bien des égards entre la France et le Québec, c’est loin d’être le cas sur le plan économique à l’heure actuelle. Une réalité que l’ex-chef d’entreprise souhaite changer à tout prix.

Les échanges commerciau­x entre l’hexagone et la province s’élèvent en ce moment à cinq milliards de dollars, bien moins qu’avec d’autres pays. À titre comparatif, l’état américain du Texas représente à lui seul le double des échanges commerciau­x avec la France. Les échanges France-québec représente­nt l’équivalent de trois jours d’activités commercial­es entre le Québec et les États-unis.

« C’est nettement insuffisan­t », a-t-il martelé en entrevue au Journal, à la Délégation générale du Québec à Paris.

« C’est presque ridicule quand on regarde les liens entre le Québec et la France de voir que les échanges sont à moins de cinq milliards par an. »

Environ 70 % des exportatio­ns québécoise­s aboutissen­t aux États-unis, a-t-il rappelé. La proximité géographiq­ue y est pour beaucoup. « Mais le Québec ne peut pas continuer à mettre tous ses oeufs dans ce panier-là. »

Il est d’avis que les gens d’affaires québécois doivent faire preuve de plus d’ambitions internatio­nales, vers l’europe notamment.

« On le voit actuelleme­nt avec le protection­nisme, il y a un risque réel d’avoir autant de nos exportatio­ns chez les Américains. C’est beaucoup trop. »

MACRON AUJOURD’HUI

Son objectif est de doubler au cours des prochaines années les échanges entre le Québec et ses « cousins » français.

Pour y parvenir, François Legault s’entretient depuis hier avec de nombreux dirigeants d’entreprise­s, dont ceux de L’oréal, Keolis (la société française propriétai­re des autocars Orléans Express), le géant bancaire BNP Paribas et bien d’autres.

Il rencontrer­a également le président français Emmanuel Macron, qui le recevra cet après-midi à l’élysée, avec tous les honneurs normalemen­t réservés aux chefs d’état.

Ce n’est pas pour rien que cette première visite à l’étranger – après le Sommet de la francophon­ie qui s’est tenu en Arménie, juste après son élection, mais avant qu’il ne soit assermenté – sera principale­ment économique.

L’augmentati­on de la richesse des Québécois sera au centre de la vision internatio­nale du gouverneme­nt Legault, assure son « PDG ».

« Depuis 50 ans, on a beaucoup parlé de la question nationale. Mais je n’accepte pas qu’on soit plus pauvres que le reste du Canada, qu’on soit dépendants du reste du Canada économique­ment. Pour changer ça, il faut attirer des investisse­ments étrangers et augmenter les exportatio­ns, principale­ment dans le secteur manufactur­ier où les salaires sont élevés. »

La main-d’oeuvre qualifiée, les coûts relativeme­nt peu élevés de l’électricit­é et la réputation du Québec sur le plan environnem­ental figurent parmi les avantages de la province pour attirer des investisse­ments, croit-il. Le fait que le Québec et la France aient une langue commune représente aussi selon lui un avantage qui pourrait faire de la province une « porte d’entrée de l’amérique du Nord » pour plusieurs sociétés.

C’est pour cette raison qu’il augmentera sous peu le nombre d’agents commerciau­x à la Délégation générale du Québec à Paris, mais aussi dans d’autres postes diplomatiq­ues du Québec. « Les objectifs économique­s des délégation­s seront chiffrés. »

TEMPÉRER LES ATTENTES

Après Paris, il s’envolera pour Davos, où l’attendent jusqu’à vendredi de nombreuses rencontres avec des chefs d’entreprise­s dans le cadre du Forum économique mondial.

Certains d’entre eux ont déjà des projets d’investisse­ment au Québec. D’autres, il l’espère, seront convaincus de le faire à l’issue de leur rencontre.

Mais François Legault modère les attentes envers ce premier périple en Europe.

« Je veux semer des graines. Ça ne fait pas quatre mois que je suis au pouvoir, ça ne serait pas réaliste de dire qu’on va signer des ententes pour augmenter les investisse­ments au Québec ou les exportatio­ns québécoise­s en France ou ailleurs. Alors on va semer les graines. Mais ça ne se fera pas du jour au lendemain. »

 ?? PHOTO PHILIPPE ORFALI ?? François Legault s’est rendu à la Délégation générale du Québec, hier, dans le cadre de son premier voyage officiel en tant que premier ministre. Cette première journée a été très occupée, avec entre autres un dîner au célèbre café littéraire Les Deux Magots. Il était accompagné de son épouse Isabelle Brais, de l’auteur Dany Laferrière et de la ministre des Relations internatio­nales, Nadine Girault.
PHOTO PHILIPPE ORFALI François Legault s’est rendu à la Délégation générale du Québec, hier, dans le cadre de son premier voyage officiel en tant que premier ministre. Cette première journée a été très occupée, avec entre autres un dîner au célèbre café littéraire Les Deux Magots. Il était accompagné de son épouse Isabelle Brais, de l’auteur Dany Laferrière et de la ministre des Relations internatio­nales, Nadine Girault.
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada