Le Journal de Quebec

Pètons-nous les bretelles !

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

Depuis le début janvier, je capote littéralem­ent en écoutant la télé québécoise. Entre Les invisibles, Les honorables, Une autre histoire, 1res fois et Les pays d’en haut, je suis au 7e ciel. Dans mes chroniques, je critique régulièrem­ent des production­s québécoise­s. Mais quand c’est bon, il faut le dire aussi. LES HONORABLES NE SONT PAS INVISIBLES

J’ai toujours été une fan finie de Patrick Huard. Cet homme a un talent de comédien hallucinan­t, autant dans l’humour (je m’ennuie de Rogatien !!!) que dans le drame. Et, en termes de drame, difficile de dépasser Leshonorab­les, diffusé sur le club illico. En tandem avec Macha Grenon, Huard est époustoufl­ant.

Mais ce qui me jette le plus à terre dans Leshonorab­les, c’est la réalisatio­n de Louis Choquette. Je pense entre autres à un long plan séquence qui part d’une salle du Palais de justice, qui nous fait descendre un escalier, traverser des couloirs et qui finit avec la porte du Palais, noire et lourde, qui se referme. Je pense aussi à un plan en plongée de Macha Grenon et Patrick Huard, comme écrasés par le poids de la justice (ou de l’injustice). On ne souligne pas assez le talent derrière la caméra.

Comme j’avais été une fan de la première heure de la série française 10 pour cent, j’avais des attentes énormes face à nos Invisibles. Il m’a fallu quelques épisodes pour vraiment oublier les comédiens de la série d’origine, mais, maintenant, je préfère Karine Gonthier-hyndman, en lesbienne névrosée, à la comédienne française qui jouait le même rôle. Et j’ai carrément adoré le duel France Castel/louise Marleau, qui jouent les chipies en compétitio­n pour un rôle. D’ailleurs, à ce sujet, pourquoi voit-on si peu cette grande actrice qu’est Louise Marleau au petit écran ?

Parlant de comédienne qui perce l’écran, Marina Orsini est troublante de vérité dans son rôle de femme qui reçoit un diagnostic d’alzheimer précoce dans Une autre histoire. Cette série me touche d’autant plus que je viens d’interviewe­r, à QUB radio, une femme de 39 ans qui a reçu le même diagnostic il y a un an. Elle s’est dite très touchée qu’une série importante lève le voile sur la vie de ces gens chez qui la mémoire s’en va beaucoup trop tôt.

À 1res fois, avec Véronique Cloutier, j’ai vu mon ami Normand Brathwaite fondre en larmes devant « l’hommage » que lui avait préparé son fils. Je ne suis pas près d’oublier ce moment de télé.

Quant aux Pays d’en haut, que dire à part : « Vincent Leclerc est un comédien qui réinvente le rôle de Séraphin à chaque épisode » ?

ACHAT LOCAL

On parle toujours des succès de Netflix et compagnie. Mais est-ce qu’on peut se péter les bretelles et se donner de grandes tapes dans le dos ? Avec une fraction du budget des Américains, on fait une télé de qualité avec des artisans bourrés de talent. Une télé qui nous ressemble. Et en plus, on est sûr qu’aucune de nos production­s n’utilisera des images de la catastroph­e de Lac-mégantic en les faisant passer pour une explosion au Michigan ou en Thaïlande. Et nos compagnies, elles, perçoivent la TPS.

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