Federer détrôné par Tsitsipas
Le Suisse a été battu en quatre manches par le jeune Grec de 20 ans
MELBOURNE | (AFP) Passation de pouvoir à Melbourne : Roger Federer, double tenant du trophée, a été déchu dès les huitièmes de finale par le Grec Stefanos Tsitsipas, incarnation de la jeunesse montante, hier.
Après 3 h 45 min de duel, Federer a été détrôné en quatre sets de 6-7 (11), 7-6 (3), 7-5, 7-6 (5), non sans s’être procuré quatre balles de deux manches à zéro. En Grand Chelem, c’est la troisième fois d’affilée que le Suisse de 37 ans dévisse précocement.
Et à mesure qu’elles se répètent, ces glissades incontrôlées posent inévitablement, de manière à chaque fois un peu plus pressante, la question de sa capacité à continuer à défier le temps qui passe — il fêtera ses 38 ans début août — et à pouvoir prétendre aux trophées les plus prestigieux.
À Wimbledon en juillet dernier, en quarts de finale face au Sud-africain Kevin Anderson, alors numéro 8 mondial, il s’était procuré une balle de match dans le troisième set avant de s’incliner en cinq.
Aux Internationaux des États-unis en septembre, il s’était liquéfié dès les hui- tièmes de finale en quatre manches contre un adversaire nettement moins gradé, l’australien John Millman, 55e mondial à l’époque. Il avait alors failli à convertir des balles de set dans les deuxième et troisième manches.
Au-delà de la défaite, c’est la manière qui interpelle : c’est précisément là où Federer avait habitué à tordre le cou à ses adversaires, à savoir sur les points importants et en coup droit, qu’il pèche dernièrement dans les grandes occasions.
OUI À ROLAND-GARROS !
Il faut croire qu’il n’est pourtant pas encore rassasié : son élimination à peine actée, Federer annonçait qu’il jouerait Roland-garros cette année. Une première depuis quatre ans. Par « envie » et « plaisir », et parce qu’il ne ressent pas le besoin d’un long repos, à l’inverse des deux saisons précédentes. À moins qu’il faille y voir les prémices d’une tournée d’adieux...
Face à Tsitsipas, le Suisse aux vingt couronnes record en Grand Chelem s’est d’abord montré le plus solide dans les moments décisifs quand il a remporté la première manche au jeu décisif, à sa quatrième occasion, après avoir écarté trois balles de set en faveur du jeune Grec.
Il a ensuite payé très cher sa litanie d’occasions manquées : douze balles de bris sur douze, et, surtout, quatre opportunités de s’échapper deux sets à zéro (à 5-4). Lui ont aussi coûté ses trop nombreuses fautes en coup droit.
« Quand tu rates des balles de bris dans tous les sens, forcément tu paies le prix derrière... », a soupiré Federer, qui n’a pas caché ses « énormes regrets ».
Tsitsipas, lui, a patienté plus de deux heures et demie — 2 h 39 exactement — pour obtenir ses premières occasions de s’emparer du service adverse. Mais il a su en concrétiser une sans tarder.
À 20 ans, voilà le jeune Grec en quarts de finale en Grand Chelem pour la première fois de sa carrière, lui qui n’y avait encore jamais dépassé le troisième tour avant la quinzaine australienne.
« Je suis l’homme le plus heureux de la Terre à cet instant, a-t-il lancé à même le court, les yeux brillants d’émotion. Roger est une légende de notre sport, c’est mon idole depuis que j’ai six ans. Jouer contre lui sur la Rod Laver Arena, c’était déjà un rêve qui devenait réalité, alors gagner à la fin, c’est indescriptible... »