Le Journal de Quebec

« Une honte de traiter les victimes comme ça ! »

- ARNAUD KOENIG-SOUTIÈRE

Huit familles, y compris les Thabti, se battent toujours devant les tribunaux pour être reconnues comme des victimes au sens de la loi, un état de fait « odieux », selon leur avocat et ex-ministre québécois de la Justice, Marc Bellemare.

Dans les jours suivant l’attentat à la grande mosquée de Québec, la classe politique jurait que les familles des victimes et la communauté musulmane seraient épaulées pour traverser cette rude épreuve.

Depuis l’assassinat d’aboubaker Thabti, sa veuve et ses deux enfants ont toutefois essuyé deux refus dans leur tentative d’être reconnus comme des victimes par le programme d’indemnisat­ion aux victimes d’actes criminels (IVAC).

Me Marc Bellemare, qui assiste huit familles en quête de justice devant l’administra­tion publique, dénonce le fait que le précédent gouverneme­nt québécois a failli à ses promesses.

« Bullshit, laisse tomber le juriste. C’est une honte nationale de traiter des victimes comme ça. […] Je vois encore Couillard et Coiteux, la main sur le coeur, dire qu’ils allaient les supporter. Mais c’est quoi, le support ? Ce n’est pas l’assurance maladie et le système d’éducation. Le support, c’est L’IVAC. »

CONSÉQUENC­ES

Le statut de victime permettrai­t notamment aux Thabti d’obtenir des indemnités plus généreuses, mais « surtout » des soins psychologi­ques récurrents, précise l’avocat. L’audience devant le tribunal se tiendra le 29 janvier, une coïncidenc­e qui a force de symbole puisque cette date marquera les deux ans du drame.

« Ce qui me scandalise, c’est que L’IVAC oblige des femmes, des enfants démolis par un incident criminel, à prendre des procédures, un avocat, à contester et vivre de longs délais pendant lesquels la souffrance s’accroît du fait de la négation du statut. Aucune reconnaiss­ance, aucune aide, aucune assistance. […] C’est odieux », s’indigne l’ex-ministre.

« UN COUP DE TÉLÉPHONE »

Si le précédent gouverneme­nt libéral n’a pas su honorer sa parole, la nouvelle ministre de la Justice, Sonia Lebel, aurait le « beau jeu » de rectifier le tir « immédiatem­ent », lance Me Bellemare.

« Elle peut régler ça avec un coup de téléphone », pense l’avocat.

Me Bellemare presse par ailleurs toute victime collatéral­e de rapidement entamer les démarches pour toucher les indemnités auxquelles elle a droit, avant la fin du délai imparti de deux ans suivant les faits.

« Il y en a probableme­nt une vingtaine ou plus, estime-t-il. S’il y a des gens qui ont un rapprochem­ent parental ou émotif, ils peuvent se qualifier comme victime. »

Newspapers in French

Newspapers from Canada