Le Journal de Quebec

Problème de mère

- louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com LOUISE DESCHÂTELE­TS

Je souhaite revenir sur la lettre de « Maman inquiète ». Elle vous racontait sa peine de constater que son fils de 16 ans ne voulait pas terminer son secondaire. Ce garçon, que seule la pratique du hockey intéressai­t à l’école, rêvait de faire comme son père en allant travailler dès que possible. Votre réponse, qui mettait en lumière les points positifs d’un garçon que sa mère évaluait mal, et le conseil que vous lui avez donné de rencontrer un orienteur ont réveillé ma mémoire. Voici ce que je dirais à cette femme qui me semble ressembler à ma mère dans le temps.

Ma chère « Maman inquiète », laissez-le donc tranquille, votre fils. Arrêtez de vouloir décider pour lui. Il n’aime peutêtre pas l’école, mais il atteint la moyenne. Je n’aimais pas l’école. Je le faisais savoir à tout le monde, alors que ma mère passait son temps à me répéter l’importance d’avoir au moins un diplôme secondaire, ce qui me tapait royalement sur les nerfs.

Faites comme Louise vous a dit. Consultez un orienteur avec votre fils. C’est ce que mes parents ont fait à la suite d’une rencontre avec mon prof d’éducation physique, qui leur a donné le même conseil en mettant en lumière mes aptitudes pour le sport et mon besoin de bouger. Mais surtout, il a insisté pour que ma mère cède une grosse part de l’espace à mon père pour me soutenir dans mes démarches d’autonomie. Ce qu’il ne faisait pas avant.

Je ne dis pas que j’ai plus aimé l’école ensuite, mais au moins, j’ai fini mon secondaire et j’ai appris un métier que j’adore encore huit ans plus tard. » C.D.

Je voudrais mettre en lumière un aspect crucial de votre lettre, à savoir l’importance que prend l’intérêt d’un père pour son fils quand il arrive à l’adolescenc­e. On aura beau vouloir uniformise­r les caractéris­tiques de l’un et l’autre sexe, un garçon demeure en général un mâle dans l’âme et ressent le besoin de se frotter à un semblable. Plus sa capacité d’exprimer son libre arbitre sera valorisée, même s’il a encore besoin d’être encadré, plus facile ce sera de l’amener à développer sa capacité de discerneme­nt pour prendre de meilleures décisions face à son avenir.

J’ai tiqué en lisant la descriptio­n que faisait de sa vie « Femme à bout ». Je m’explique mal qu’encore en 2019, une personne puisse se rendre à une telle extrémité de fatigue et avoue avec autant de candeur que, n’ayant pas le temps de consulter, elle se contente de se soigner en fonction des conseils de ses amies. Moi aussi je travaillai­s, je tenais ma maison, je veillais au bien de mes deux enfants et de mon mari, et je prenais soin de ma mère.

Il a fallu que je tombe au combat pour arrêter. Ni les spasmes au coeur, ni le mal de jambes, ni mon extrême fatigue, rien ne me ralentissa­it. Je filais comme la locomotive de tête sans penser une seconde que si je m’arrêtais, j’allais paralyser un paquet de monde à ma suite. Il a fallu que je fasse un accident cardiaque et qu’on me mette au repos forcé pendant plus d’un an pour que je comprenne.

Alors Madame, au lieu de craindre le verdict, moi, je vous recommande­rais, comme Louise vous l’a dit, d’aller au-devant des mauvaises nouvelles. Comme ça, vous aurez le temps de vous préparer au lieu d’être forcée de tout arrêter d’un coup, comme moi. Encore fragile après deux ans

Quoi de mieux qu’une semblable pour en convaincre une autre ? À la condition évidemment qu’elle accepte de se regarder en face pour cibler le problème en elle.

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