L’homme est-il une créature toxique ?
On a beaucoup parlé de la fameuse publicité de Gillette qui prétend inviter les hommes à se délivrer d’une certaine culture qui les pousse à l’agressivité chronique.
Ils furent nombreux à confesser leur malaise devant un discours qui a tendance à caricaturer l’homme comme une bête violente. Dans le jargon féministe à la mode, on fait passer cela pour une critique de la « masculinité toxique ».
MASCULINITÉ
C’est un fait : il existe aujourd’hui dans la culture populaire une aversion pour l’homme, présenté comme le vestige détestable des temps anciens. Plus exactement, c’est l’homme blanc hétérosexuel, toujours lui, qu’on diabolise, au nom de la lutte contre les derniers vestiges de la forteresse du patriarcat qu’il faudrait enfoncer à coup de bélier. Alors on le dit violent, brusque et toujours accroché à ses « privilèges ». Un certain féminisme a besoin de voir le monde ainsi pour justifier son combat.
Ce discours culpabilisateur a quelque chose d’exaspérant. Faut-il vraiment s’adresser aux hommes en bloc comme si, globalement, ils avaient quelque chose de grave à se reprocher ? Fautil vraiment détourner une publicité de rasoirs pour sermonner le mâle moyen ?
Mais si cette publicité vise bien mal, il n’en demeure pas moins que la masculinité ne se porte pas très bien. Ses repères sont brouillés et même inversés.
Il ne s’agit pas de fantasmer sur une restauration de la masculinité de jadis et de se désoler de l’émancipation féminine, certainement une des plus belles pages de l’histoire de l’occident.
Mais on doit bien reconnaître que détaché de son rôle traditionnel de pourvoyeur et de protecteur, l’homme a tendance à demeurer un éternel adolescent. Ou pour le dire moins poliment, sans rituels de passage à l’âge adulte et sans mission spécifique, il a tendance à se complaire dans le rôle du parfait glandeur accroché à ses jeux vidéo pour l’éternité.
Pourquoi la brute version douchebag, qui passe sa journée à la salle de musculation à rêver à sa voiture augmentée et qui peine à épeler son nom sans faire de fautes, représente-t-elle souvent le dernier refuge de la masculinité ?
Pourquoi l’homme québécois est-il si peu porté vers la lecture ? Pourquoi s’exprime-t-il encore trop souvent comme un taiseux avec des onomatopées lui donnant l’air d’un primate mal fagoté ? D’où lui vient cette incapacité à savoir complimenter une femme, comme s’il ne savait pas goûter les plaisirs de la galanterie ? Pourquoi, finalement, se comporte-t-il comme une brute molle ?
La culpabilisation de l’homme devient lassante.
VIRILITÉ
Il ne s’agit pas non plus, inversement, de chanter l’homme déconstruit, qui se complaît dans sa vulnérabilité retrouvée.
Il devrait y avoir de la place pour ce qu’on appellera une virilité intelligente. Je suis de ceux qui croient que les romans de cape et d’épée demeurent une école de masculinité joyeuse ! Un jeune homme devrait lire Les Trois Mousquetaires et vouloir devenir D’artagnan !
Hélas, la mode, aujourd’hui, c’est de chanter un monde aux identités fluides, où les identités sexuelles n’auraient plus aucune consistance. Moquons-nous de cette violente lubie de savants fous qui veulent dynamiter culturellement l’humanité.