Entre loyauté et impuissance
Le Journal rapportait que les enseignants de commissions scolaires se voient de plus en plus imposer la loi du silence dans leurs conditions d’exercice de la profession au nom de la loyauté à l’employeur. L’impuissance grandissante à pouvoir dénoncer la bêtise des administrateurs me désole ; toutefois, elle m’inquiète davantage quant à la capacité d’agir dans cet univers très syndiqué.
LIBÉRER LA PAROLE
Le ministre de l’éducation Jean-françois Roberge, réagissant à la menace de congédiement d’une enseignante pour une lettre d’opinion parue dans un quotidien, disait vouloir protéger le droit de parole du personnel scolaire par des dispositions dans les conventions collectives lors d’une prochaine négociation. L’intention paraît noble, cependant elle individualise la dénonciation d’une situation répréhensible et isole encore plus le personnel enseignant ou tout autre personnel qui oserait le faire.
Le personnel scolaire est syndiqué à 100 %, ou presque, et pour la plupart affilié à de grandes centrales. Contrairement à d’autres milieux de travail, il jouit d’une capacité exceptionnelle de représentation par la voie de son syndicat et peut ainsi se mettre à l’abri des pressions indues de l’employeur. C’est moins sur sa page Facebook et plus dans les assemblées syndicales que le personnel devrait partager ses récriminations et appuyer l’agir de ses représentants.
AGIR POLITIQUEMENT
Si la première loyauté du personnel du secteur public doit être envers la population qu’il dessert, comme je l’ai déjà mentionné ainsi que d’autres analystes, cette loyauté entraîne indubitablement son syndicat dans l’action politique.
L’employeur étant l’état, et les conditions d’exercice découlant de politiques et de finances publiques, il devient tout à fait naturel de remettre en question les décisions gouvernementales lorsqu’elles mettent en péril les services et la population.
Les syndicats ont peut-être été trop sensibles aux menaces de rétorsion des politiciens s’ils s’engageaient sur le terrain politique ; ils devraient pourtant maintenir un syndicalisme de transformation sociale.