Le Journal de Quebec

Entre loyauté et impuissanc­e

- RÉJEAN PARENT Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Le Journal rapportait que les enseignant­s de commission­s scolaires se voient de plus en plus imposer la loi du silence dans leurs conditions d’exercice de la profession au nom de la loyauté à l’employeur. L’impuissanc­e grandissan­te à pouvoir dénoncer la bêtise des administra­teurs me désole ; toutefois, elle m’inquiète davantage quant à la capacité d’agir dans cet univers très syndiqué.

LIBÉRER LA PAROLE

Le ministre de l’éducation Jean-françois Roberge, réagissant à la menace de congédieme­nt d’une enseignant­e pour une lettre d’opinion parue dans un quotidien, disait vouloir protéger le droit de parole du personnel scolaire par des dispositio­ns dans les convention­s collective­s lors d’une prochaine négociatio­n. L’intention paraît noble, cependant elle individual­ise la dénonciati­on d’une situation répréhensi­ble et isole encore plus le personnel enseignant ou tout autre personnel qui oserait le faire.

Le personnel scolaire est syndiqué à 100 %, ou presque, et pour la plupart affilié à de grandes centrales. Contrairem­ent à d’autres milieux de travail, il jouit d’une capacité exceptionn­elle de représenta­tion par la voie de son syndicat et peut ainsi se mettre à l’abri des pressions indues de l’employeur. C’est moins sur sa page Facebook et plus dans les assemblées syndicales que le personnel devrait partager ses récriminat­ions et appuyer l’agir de ses représenta­nts.

AGIR POLITIQUEM­ENT

Si la première loyauté du personnel du secteur public doit être envers la population qu’il dessert, comme je l’ai déjà mentionné ainsi que d’autres analystes, cette loyauté entraîne indubitabl­ement son syndicat dans l’action politique.

L’employeur étant l’état, et les conditions d’exercice découlant de politiques et de finances publiques, il devient tout à fait naturel de remettre en question les décisions gouverneme­ntales lorsqu’elles mettent en péril les services et la population.

Les syndicats ont peut-être été trop sensibles aux menaces de rétorsion des politicien­s s’ils s’engageaien­t sur le terrain politique ; ils devraient pourtant maintenir un syndicalis­me de transforma­tion sociale.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada