Un dirigeant nie la présence de BMO dans les paradis fiscaux
La banque compte pourtant trois filiales aux Bermudes et à la Barbade
Le grand patron de la Banque de Montréal au Québec, Claude Gagnon, a assuré hier que l’institution financière n’était pas présente dans les paradis fiscaux. Or, trois des principales filiales de BMO sont établies aux Bermudes et à la Barbade.
« On n’a pas d’activités importantes dans les paradis fiscaux. Il y a de la réassurance et ce n’est même pas dans les paradis fiscaux. Mais la Banque, les paradis fiscaux, on n’est pas là. On n’amène pas nos clients là, on n’a pas d’activités là », a soutenu hier M. Gagnon, qui est le président des opérations pour BMO au Québec, en marge d’un discours prononcé à la tribune de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Le rapport annuel 2018 de la Banque de Montréal, qui vient d’être traduit en français, indique que BMO Investments Limited et LGM (Bermuda) Limited ont leurs sièges aux Bermudes et que BMO Reinsurance Limited est installée à la Barbade.
PARADISE PAPERS
Selon le cabinet comptable PWC, il n’y a aucun impôt sur les profits, les dividendes ou les gains en capital aux Bermudes. À la Barbade, le taux d’imposition des entreprises internationales et des sociétés d’assurance vie n’excède pas 5 %.
LGM, une firme d’investissement acquise par BMO en 2011, a longtemps transféré aux Bermudes « autant de revenus que possible » même si ses activités émanaient principalement de Hong Kong, a révélé en 2017 la CBC, en s’appuyant sur des documents datés de 2013 qui ont fait surface grâce à la fuite des Paradise Papers.
INDICE DE QUALITÉ DES EMPLOIS
Claude Gagnon a par ailleurs annoncé hier la création d’un indice de « qualité » des emplois en collaboration avec l’institut du Québec, créé en 2014 par le Conference Board et HEC Montréal.
D’après lui, vu la pénurie de maind’oeuvre qui sévit au Québec, il n’est plus aussi judicieux qu’avant d’évaluer les investissements en fonction du nombre d’emplois créés.
« On devrait se demander quels emplois on veut garder, quels emplois sont pertinents et quels emplois on peut remplacer par des robots », a expliqué M. Gagnon.
Pour attribuer l’étiquette d’« emploi de qualité » à un poste, on tentera de déterminer s’il permet de « contribuer à une économie verte », d’« améliorer les services aux citoyens », d’encourager « l’inclusion et la valorisation des personnes », de mettre à profit le « savoirfaire » et les ressources d’ici, et de « faire appel aux qualités humaines comme la compassion et la créativité ».
« Autrement dit, un emploi de qualité ne peut pas être confié à l’intelligence artificielle », a résumé Claude Gagnon.
La première publication de l’indice est prévue ce printemps.