Maman Joey coupe le cordon
C’est officiel depuis hier avant-midi. L’impact quitte l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte. Maman Joey ne veillera plus sur les états d’âme des petits gars, maman Joey ne fera plus de grosses colères quand les fans tarderont à acheter leurs billets de saison et maman Joey a même quitté le nid familial pour laisser toute la place à Kevin Gilmore.
C’est la première fois en 25 ans qu’on n’aura pas à défiler dans le bureau de Joey Saputo pour prendre une décision. La première fois que les décisions d’affaires et sportives n’auront pas à être soumises au propriétaire et hier encore président de l’impact.
C’est un grand pas pour l’impact comme équipe et comme organisation. C’est un grand pas qu’on espère voir ailleurs dans la ville…
Et la beauté de l’histoire, c’est que Joey Saputo est allé chercher aussi fort que lui. En fait, en matière de gestion d’une organisation sportive, Joey Saputo ne m’en voudra pas d’affirmer qu’il est allé chercher bien plus compétent que lui.
Il y avait un premier choix au repêchage qui était joueur autonome, Saputo se l’est offert.
Bienvenue dans l’ère Kevin Gilmore.
DE BELLE HUMEUR
Joey Saputo était de belle humeur malgré les moments poignants qu’il vivait. Il a été très solide et humain en conférence de presse.
La dernière fois que je lui ai parlé, c’était à l’aéroport de Zurich en Suisse. Je rentrais de Moscou et il s’en allait à Bologne. Quand je consulte le calendrier des événements, Saputo avait déjà confié un mandat de trouver un homme de confiance pour remplir plusieurs de ses responsabilités. Ça explique peut-être son enthousiasme malgré un vol de nuit venant de Montréal.
C’est une décision très sage. George Gillett ne campait pas au Centre Bell. Et Pierre Boivin avait toute la latitude d’un vrai président et chef de direction avec le Canadien. D’ailleurs, Boivin s’est servi de cette marge de manoeuvre pour relancer le CH avec Ray Lalonde et justement à la fin de son règne avec Kevin Gilmore.
Chez les Alouettes, disons-le franchement. Andrew Wettenhall est encore trop présent dans l’organisation et Patrick Boivin pourrait faire bien mieux si on le laissait travailler avec une vraie marge de manoeuvre.
Chez l’impact, Joey Saputo était la mère, le père et le grand frère de l’organisation. Ça pesait trop lourd.
UN HOMME MODERNE
Kevin Gilmore a un CV long comme un monologue de Jean-marc Parent. Je le connais depuis longtemps et j’ai eu le plaisir de négocier avec lui des broutilles comme des permissions d’utiliser des couleurs liées au Canadien pour une couverture d’un Raconte-moi.
C’était pour les enfants, j’étais bénévole et on s’est vite entendu. Je sais à quel point il a ventilé le potentiel commercial du Canadien. De Saint-pétersbourg à Shanghai, il avait monté un système capable d’aller rejoindre les fans du Canadien partout sur la planète.
À une certaine époque, il s’était associé à Benoît Fredette, fondateur de Fans Entertainment, une firme fondée par Fredette qui offrait une appli- cation permettant de rejoindre le consommateur directement sur son siège dans un amphithéâtre. Benoît Fredette, tout juste 30 ans à l’époque en 2014, a vendu son entreprise pour 16 millions et a lancé Bold Sports and Entertainment avec l’aide de Gilmore. Fredette a fait ses études universitaires à Harvard et est considéré comme un vrai génie.
L’impact a confirmé qu’il serait lié à l’organisation et à Gilmore dans le développement du marketing numérique de l’équipe. On peut s’attendre à un gros développement de ce côté. Ce n’est pas pour rien que Kevin Gilmore s’est assuré de la présence de ce surdoué dans l’entourage de l’organisation. Bold a des bureaux à Londres, New York et Montréal.
Hier, Gilmore a parlé comme un chef d’état quand il a vanté les mérites de Montréal. Ça faisait du bien de sortir de la vision terne et médiocre qu’on a trop souvent de Grattonville.
Montréal est une belle ville qui est sur le point d’éclore. Le marché est là et Gilmore est l’homme désigné pour le faire fructifier. Bravo ! Et en plus, il vient d’arvida. Ça dit tout.