Le Journal de Quebec

Non pas un, mais 11 prêts pour le patron

Plus de 9 M$ ont été versés aux entreprise­s d’alfonso Graceffa par MCAP, une filiale d’otéra dont il dirige le CA

- HUGO JONCAS, PHILIPPE LANGLOIS, JEAN-FRANÇOIS CLOUTIER, FÉLIX SÉGUIN ET ANDREA VALERIA

La filiale MCAP d’otéra Capital a accordé pas moins de 11 prêts à des firmes de son propre président depuis 2010 pour le financemen­t de ses immeubles à revenus, pour un total de 9,2 M$.

Notre Bureau d’enquête révélait hier le plus récent des prêts que la Société financière MCAP a accordés à Alfonso Graceffa et à son ex-femme, fin 2017, d’une valeur de 3,3 M$.

Nos recherches ont également permis d’identifier 10 autres financemen­ts octroyés par MCAP au président de son conseil d’administra­tion lors des neuf dernières années.

Alfonso Graceffa est aussi président du conseil d’administra­tion d’otéra Capital depuis janvier dernier, en plus d’en être le PDG depuis 2013. Il est membre de la direction de cette filiale de la Caisse de dépôt et placement du Québec depuis 2008.

MCAP appartient à 78 % à Otéra.

UNE DIZAINE D’IMMEUBLES

Deux des prêts qu’a obtenus Alfonso Graceffa auprès de MCAP, d’une valeur totale de près de 1,5 M$, sont allés en 2017 à une entreprise qu’il détient avec son partenaire d’affaires Thomas Marcantoni­o.

Ils ont servi à financer deux immeubles d’appartemen­ts de trois étages, situés à un jet de pierre de la gare de train de banlieue Cedar Park, à Pointe-claire.

Dès 2010, MCAP avait accordé huit autres prêts à une autre société, celle-là détenue par Alfonso Graceffa, son ex-femme Josie Solito et Thomas Marcantoni­o.

Totalisant 4,4 M$, ils ont servi à financer huit immeubles d’appartemen­ts identiques sur la rue Ashgrove, à deux pas de la gare Pointe-claire.

Notre Bureau d’enquête avait révélé, mercredi, que Thomas Marcantoni­o a aussi reçu un important prêt de 44 M$ d’otéra pour un projet de résidence de personnes âgées à Saint-jean-sur-richelieu.

Le code d’éthique d’otéra stipule qu’un employé d’otéra peut être dirigeant ou administra­teur d’une autre compagnie « à condition que [...] la société en question ne soit pas un partenaire, un client ou un fournisseu­r

de biens d’otéra ».

MCAP ÉTAIT AU COURANT

Mélanie Charbonnea­u, vice-présidente, Affaires juridiques pour Otéra, n’a pas voulu commenter chacun de ces cas individuel­lement. Elle a indiqué par courriel à notre Bureau d’enquête qu’alfonso Graceffa avait « déclaré à MCAP son intérêt dans [les] immeubles en question ». En d’autres mots, MCAP était au courant que les millions de dollars qu’elle prêtait servaient à financer des immeubles qui appartenai­ent au président de son CA. La filiale de la Caisse rappelle qu’elle a confié mardi un « mandat très large » à un « avocat externe » pour réaliser une enquête sur l’éthique dans son organisati­on. Alfonso Graceffa a refusé de nous accorder une entrevue. L’unité permanente anticorrup­tion (UPAC) n’a pu confirmer si elle faisait enquête sur le sujet hier, mais elle a invité des témoins potentiels à la contacter. « Si des gens ont des choses à signaler, ils peuvent le faire et les informatio­ns seront traitées avec grande rigueur », a dit le porte-parole Mathieu Delisle.

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PHOTOS PIERRE-PAUL POULIN L’argent que MCAP, une société reliée à la Caisse de dépôt, a prêté à son propre président a servi à financer ces immeubles à revenus situés à Pointe-claire, sur l’île de Montréal.
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