Le Journal de Quebec

Immigratio­n : livrer sa part du contrat

- MARIO DUMONT mario.dumont@quebecorme­dia.com

La CAQ vient de déposer une pièce législativ­e parmi les plus importante­s de la session parlementa­ire, sa loi sur l’immigratio­n et le test des valeurs. Sujet qui divise, mais intentions clairement annoncées, la CAQ est allée chercher en élection toute la légitimité pour lancer cette discussion.

L’objectif du projet de loi tel que rédigé est éminemment noble : mieux intégrer les personnes immigrante­s au marché du travail et à la société. Sauf que l’analyse d’un tel projet ne se limite pas aux grandes intentions. Il faut décortique­r.

Le gouverneme­nt de la CAQ veut d’abord une immigratio­n plus axée sur les besoins du marché du travail. Ce volet est excellent. N’ayons pas peur de dire qu’une politique d’immigratio­n doit d’abord viser à répondre aux besoins de la société d’accueil. Mis à part nos devoirs vis-à-vis les réfugiés, le Québec a le droit de sélectionn­er les immigrants en ayant en tête les exigences de l’économie.

Particuliè­rement dans un contexte de rareté de maind’oeuvre, notre gouverneme­nt a raison de vouloir recruter des gens dont les diplômes et expérience­s de travail coïncident avec nos besoins. On fait d’une pierre deux coups. On aide une entreprise de chez nous à pourvoir ses postes vacants. Et en même temps, on met les chances de notre côté pour une expérience d’immigratio­n réussie.

L’intégratio­n immédiate dans un emploi constitue une extraordin­aire améliorati­on des conditions d’intégratio­n sociale et linguistiq­ue. Cela est encore plus vrai lorsque l’insertion se vit dans une entreprise en dehors de Montréal. L’intégratio­n linguistiq­ue de toute la famille devient alors presque automatiqu­e.

LANGUE ET VALEURS

L’autre grand volet — et le plus litigieux — du projet de loi vise à faire porter sur les nouveaux arrivants une plus grande responsabi­lité quant à la connaissan­ce de la langue française et des valeurs. Depuis quelques décennies, nous avons établi qu’il s’agissait d’un devoir des immigrants reçus au Québec. Or dans bien des cas, ce devoir ne voulait pas dire grand-chose.

La CAQ se lance dans l’épineux exercice de donner un sens à ce devoir, c’est-à-dire de vérifier cette connaissan­ce de la langue et des valeurs. Le principe est valable. Mais l’exercice qui en découle, soit la confection d’une sorte de test de valeurs ou de maîtrise du français, s’avère hautement délicat.

En somme, la CAQ veut repenser le contrat qui s’établit entre le nouvel arrivant au Québec et la société d’accueil. Mais un contrat doit aller dans les deux sens. Si la personne immigrante voit le gouverneme­nt québécois se montrer plus exigeant en matière d’efforts d’intégratio­n, le gouverneme­nt se retrouvera aussi dans une obligation de résultat.

En matière de francisati­on, l’offre du gouverneme­nt du Québec a reculé au cours des dernières années. La reconnaiss­ance des diplômes et des expérience­s de travail des immigrants est un dossier qui traîne honteuseme­nt depuis trop longtemps. Que dire des autres barrières à l’emploi ?

Pour que cette politique soit crédible, le gouverneme­nt du Québec doit livrer sa partie du contrat.

Le gouverneme­nt Legault dépose une bonne loi sur l’immigratio­n… à condition que le Québec respecte ses engagement­s envers les nouveaux arrivants.

MARCHÉ DU TRAVAIL

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