Le Journal de Quebec

Les libéraux ont-ils tenté de protéger une firme ?

Le PM nie avoir essayé d’éviter un procès criminel à Snc-lavalin

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | Une mystérieus­e affaire d’allégation­s d’ingérence politique visant le bureau du premier ministre Justin Trudeau a eu l’effet d’une bombe sur la scène fédérale, hier.

Le premier ministre canadien a débuté sa journée sur la défensive en niant catégoriqu­ement que lui ou son bureau ait tenté d’aider le géant montréalai­s de l’ingénierie Snc-lavalin à éviter un procès criminel pour corruption et fraude.

Ces « allégation­s sont fausses » a nié M. Trudeau lors d’un point de presse près de Toronto.

Selon le quotidien The Globe and Mail, le bureau du premier ministre aurait fait pression sur l’ex-ministre de la Justice Jody Wilson-raybould afin qu’elle intervienn­e pour protéger le géant montréalai­s de l’ingénierie Snc-lavalin d’un procès criminel.

JAMAIS

« En aucun moment, moi ou mon bureau n’avons ordonné au procureur général actuel ou antérieur [Wilson-raybould] de prendre quelque décision que ce soit sur cet enjeu », a-t-il ajouté lorsque questionné.

Les partis d’opposition et des experts se sont dits « extrêmemen­t troublés » par ces allégation­s.

Le chef conservate­ur demande à Justin Trudeau de « dire immédiatem­ent aux Canadiens ce qu’il savait de cette affaire et à quel moment il l’a su ».

La firme québécoise est accusée par Ottawa d’avoir payé des millions de dollars en pots-devin à des responsabl­es libyens de 2001 à 2011 dans le but d’obtenir des contrats gouverneme­ntaux.

Snc-lavalin souhaitait arriver à une entente hors cour avec le fédéral, mais cela lui a été refusé à l’automne dernier.

C’est à ce moment que le bureau de Justin Trudeau aurait fait pression sur Mme Wilson-raybould, alors ministre de la Justice, pour qu’elle mette son poids dans la balance en faveur d’une entente à l’amiable, allègue le Globe and Mail.

Mme Wilson-raybould aurait refusé de plier sous la pression. Elle a perdu son poste quelques semaines plus tard à la faveur d’un remaniemen­t ministérie­l.

Pour le néo-démocrate Alexandre Boulerice, il est clair que Mme Wilson-raybould a été rétrogradé­e « parce qu’elle a désobéi aux ordres des amis du Parti libéral du Canada, qui sont des grosses compagnies qui sont coupables de fraude et de corruption ».

« Voilà le vrai visage du Parti libéral », a-t-il lancé.

Après sa rétrograda­tion, Mme Wilson-raybould s’était fendue d’une longue lettre remplie d’amertume, soulignant l’importance « que notre système de justice soit libre de toute perception d’ingérence politique ».

Cette dernière a refusé toutes les demandes d’entrevues des médias, hier, et elle a rasé les murs du Parlement, se faisant presque invisible.

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PHOTO COURTOISIE, GLOBAL Justin Trudeau a nié à Toronto hier les allégation­s d’ingérence politique.

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