Le Journal de Quebec

« Pour survivre », il mine secrètemen­t de la cryptomonn­aie

- SOPHIE CÔTÉ

Lors d’une audience en Cour supérieure où il a été cité une nouvelle fois pour outrage au tribunal, le créateur de la prétendue monnaie virtuelle Plexcoin, Dominic Lacroix, a révélé « subvenir à ses besoins » clandestin­ement grâce au minage de cryptomonn­aie depuis un an.

« Ce n’est pas relié au Plexcoin et ce n’est pas illégal. C’est du Zcash, a-t-il dit. C’est avec ça qu’on mange et qu’on réussit à survivre en attendant. Je n’ai pas le droit de travailler. Je n’ai pas de compte bancaire, pas de carte de crédit. Tous mes paiements sont en retard. Ils ont pris des rouleaux de 25 sous sur mon bureau, ils ont tout pris. Si j’arrête ça, je ne peux plus vivre », a affirmé Lacroix devant le juge Daniel Dumais.

Selon ses dires, cette activité lui permet de recevoir entre 200 $ et 1500 $ par jour.

L’homme est soupçonné d’avoir soutiré 15 M$ à des milliers d’investisse­urs avec le Plexcoin. Il n’avait aucun permis pour agir comme courtier. Des ordonnance­s obtenues par l’autorité des marchés financiers (AMF) pour geler ses biens et ceux de sa conjointe sont en vigueur et Lacroix a dû, l’été dernier, en pleine salle de cour, transférer 3,7 M$ en bitcoins à un administra­teur provisoire, Raymond Chabot.

Les avocats de ce dernier et Lacroix étaient en cour, hier, puisque L’AMF a découvert qu’il aurait encore accès à des milliers de dollars en bitcoins dans une adresse nommée « 1CLU4 ».

PAS À LUI, DIT-IL

Lacroix a répété hier que cette adresse ne lui appartenai­t pas et qu’il soupçonnai­t une connaissan­ce d’en être détenteur. « Je n’ai jamais eu de bitcoins depuis que j’ai tout donné », a-t-il soutenu.

L’audition « surprenant­e » « a permis de démontrer la crédibilit­é complèteme­nt nulle » de Lacroix, a plaidé Me Hugo Babos-marchand. Il demande au juge d’ordonner à l’homme de transférer sans délai à l’administra­teur tous les bitcoins encore en sa possession.

L’avocate de Lacroix a fait valoir que son client avait fait preuve d’une « grande crédibilit­é ». « Il a été transparen­t. Il sait consciemme­nt qu’il s’expose à des outrages et c’est ce qui va arriver, on va l’empêcher de faire du minage », a dit Me Sarah Desabrais, en rappelant qu’il est difficile pour son client de prouver qu’il n’a pas le contrôle de « 1CLU4 ». « Il le démontre avec les moyens qu’il peut et avec sa parole. »

Le juge a par ailleurs cité Lacroix pour outrage au tribunal à la demande de l’administra­teur pour avoir présumémen­t violé des ordonnance­s concernant la production de certains documents et le transfert supposémen­t non complet de ses bitcoins.

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