L’homme le plus épié
Mikaël Kingsbury identifie son plus important concurrent : lui-même
PARK CITY, Utah | Sur son terrain de jeu favori, bardé d’un titre olympique et au sommet de sa carrière, Mikaël Kingsbury entend continuer à trôner sur son royaume mondial des bosses ce soir à Park City.
Il faisait un froid somme toute confortable, durant l’entraînement d’hier midi à la station de Deer Valley, mais une certaine chaleur s’échappait du parcours au passage du skieur québécois. Avec son dossard numéro 1 de meneur de la Coupe du monde, Kingsbury était encore l’homme le plus épié dans le champ de mines. Au-delà de la concurrence et d’une condition de piste rendue difficile par l’accumulation de neige, il a su identifier son principal adversaire.
« C’est moi-même pour rester dans ma game. C’est sûr que j’ai des adversaires vraiment solides comme le Japonais Ikuma (Horishima), le Français Ben (Benjamin Cavet) et Matt Graham. Ces gars-là peuvent me battre tous les jours, mais je sais aussi que j’ai les capacités pour gagner tous les jours. Il faut que je reste dans mon plan de match », avise le patron de l’industrie.
« Ma force, c’est les compétitions. Quand je suis en haut au départ et que j’entends le “3,2,1, Go”, c’est là que je suis capable d’être à mon meilleur. J’ai hâte à demain. »
MÊME APPROCHE QU’AUX JO
Ce skieur d’une autre planète carbure à la pression et ces mondiaux ne diffèrent pas des autres rendez-vous. Auteur de cinq victoires en six départs en Coupe du monde, cette saison, Deer Valley offre la plus grande vitrine depuis les Jeux olympiques. Sur cette piste reconnue comme la plus exigeante du circuit, Kingsbury dit ressentir la fébrilité de ces championnats du monde même s’ils sont dénués du tape-à-l’oeil olympique.
« Une fois que tu es dans la piste, c’est la même chose. J’essaie de faire le même travail en bout de ligne. Je n’ai pas besoin de skier plus vite et de sauter plus haut parce que ce sont les Jeux olympiques et les championnats du monde parce que ce sont les mêmes personnes que j’affronte », dit-il.
« On va construire étape par étape jusqu’à la deuxième finale. Même si on ne gagne pas la qualification ni la première finale (avec 18 concurrents), ça ne dérange pas. On avait eu la même approche aux Jeux olympiques. Mik est habitué de toujours gagner tout, mais ce n’est pas quelque chose d’obligatoire. À mesure que ça va évoluer, tout le personnel de l’équipe reste calme autour de lui », expose l’entraîneur de l’équipe canadienne, Michel Hamelin.
RIEN N’EST JOUÉ
Comme le maître ne possède pas le pouvoir absolu, plusieurs prétendants rôdent légitimement autour du podium. Kingsbury ne détient qu’un seul titre mondial à l’épreuve individuelle – comme celle de ce soir – et ça remonte à 2013. Par contre, il a gagné les quatre derniers concours en Coupe du monde sur cette montagne depuis 2017.
« Il y a déjà assez de choses pour s’inquiéter sur moi-même que si je commence à m’inquiéter pour Mik, Ikuma, Matt Graham ou d’autres, je ne m’en sors plus. Je dois garder le focus sur moi. La chance qu’il y a, c’est que c’est vraiment une belle piste pour vouloir faire une belle descente », a exprimé le Français Benjamin Cavet, deuxième au classement de la Coupe du monde et gagnant de l’épreuve de Lake Placid, la seule qui a échappé au Québécois.
Des feux d’artifice sont annoncés sur la montagne après la cérémonie des médailles. Kingsbury aura-t-il l’humeur à les apprécier ?