Le Journal de Quebec

Karine Gagnon

Émilie Ferland et Clifford Miller sont derrière le succès du Miller Zoo

- KARINE GAGNON Chroniqueu­se politique karine.gagnon@quebecorme­dia.com

FRAMPTON | Passionnés des animaux, entreprene­urs dans l’âme, Clifford Miller et Émilie Ferland représente­nt l’exemple parfait pour illustrer l’importance de croire en ses rêves, parfois même les plus fous.

Au coeur de la série Un zoo pas comme les autres, diffusée à TVA cet hiver et dont la popularité a dépassé toutes les attentes, le couple témoigne d’une histoire extraordin­aire, émouvante, et qui a confondu jusqu’aux plus sceptiques.

Leur entreprise inaugurée en 2012, le Miller Zoo, est aussi une affaire de coeur, de famille, de passion et d’authentici­té, comme on en a tant besoin dans notre monde. « L’un sans l’autre, ça n’aurait pas marché », souligne Clifford.

Complice, amoureux, le couple se donne corps et âme pour le bien-être de ses animaux, parmi lesquels il vit, au beau milieu de la terre familiale.

Devenue veuve prématurém­ent, la grand-mère paternelle de Clifford avait conservé ces lots après avoir fait déménager la maison familiale au village. Une ferme y a été exploitée jusque dans les années 1970. Puis, quand Clifford a eu 17 ans, son père l’a convaincu d’acquérir l’une des terres.

« Je travaillai­s déjà et j’avais prévu m’acheter un vieux bazou, se souvient Clifford. À 17 ans, tout ce que tu veux c’est de triper avec tes chums. Mais j’ai changé d’idée et j’ai acheté la terre. J’ai passé 10 ans sans y remettre les pieds, puis, à 27 ans, j’ai commencé à y aller et, avec mon père, j’ai construit une maison, pièce par pièce, avec le bois de la terre. »

Ses amis venaient le visiter avec leurs blondes, relate Clifford, et l’une d’elles s’était exclamée : « C’est bien beau, mais il n’y a jamais une fille qui va vouloir venir rester ici ».

RENCONTRE FRUCTUEUSE

C’était avant l’arrivée d’émilie, que Clifford avait connue lorsqu’elle était toute petite. Il était ami avec son frère aîné, à Frampton, où tous deux ont grandi. Grâce à des amis qui les ont remis en contact, Émilie est revenue dans la vie de Clifford dans des moments particuliè­rement éprouvants, il y a sept ans. Celuici a perdu ses parents à deux années d’intervalle.

Son père a été emporté par un cancer à l’âge 57 ans. Quant à sa mère, elle a appris qu’elle souffrait d’alzheimer à 45 ans – vous avez bien lu – et, cinq ans plus tard, elle ne reconnaiss­ait plus personne. Son mari en a pris soin jusqu’à ce qu’il n’en ait plus la force à cause de sa propre maladie. Elle est décédée à 58 ans.

« Toute ma famille est morte du cancer,

c’est pour ça que je dis que je ne passerai pas à côté », lance Clifford, qui amorcera bientôt la quarantain­e. Ce à quoi Émilie s’empresse d’ajouter que la recherche avance, et que, bientôt, on ne mourra probableme­nt plus de tout ça. Bien vu.

Clifford est convaincu que ses parents les auraient beaucoup aidés avec le projet, comme le font plusieurs membres de leurs familles respective­s. Heureuseme­nt, son père a pu être témoin de son attachemen­t à la terre de ses ancêtres.

AVENTURE RISQUÉE

À la suite du décès du père de Clifford, le couple a décidé d’emménager ensemble, puis a eu l’idée d’une ferme éducative. Le projet a évolué jusqu’à devenir un jardin zoologique.

Le couple y a investi toutes ses économies : lui, l’héritage de ses parents, elle, le fruit de la vente de son casse-croûte. Ils se sont endettés, jusqu’à remplir leurs cartes de crédit, et ont dû réhypothéq­uer leur maison. « Le premier hiver, lance Clifford, on a mangé nos bas. »

Quand ils ont voulu obtenir du financemen­t, Desjardins pensait que c’était une blague. « Le gars est parti à rire », se rappelle Clifford. Au village, la nouvelle a rapidement fait du bruit. « C’était la joke, on était les idiots du village », relate Émilie.

Les parents d’émilie se sont eux aussi inquiétés au départ. Son père a contacté sa mère pour lui faire part de ses réticences, mais il s’est produit un épisode très particulie­r. « Ma mère a rêvé que son propre père [qui est décédé] venait la voir et lui disait: “laisse-les faire, ne va pas les décourager, vous allez rester surpris.” »

Les premiers temps, Émilie parvenait à renflouer les coffres en offrant un service de toilettage et en reprenant ses fonctions comme barmaid au village. Clifford travaillai­t comme ébéniste ainsi que dans un club de golf. « On n’était pas des administra­teurs ou des vétérinair­es, alors plusieurs doutaient, mais, maintenant, ils nous disent que, lorsqu’ils regardent notre cheminemen­t, ils n’en reviennent pas », raconte Émilie.

Tous deux n’ont même pas envie de faire de pied de nez à tous ceux qui se sont moqués d’eux. « Quand tu t’es prouvé à toi-même ce que tu étais capable de faire, confie Émilie, tu te fous de ce que les autres peuvent penser. »

« VIE DE RÊVE »

Pour le reste, les faits parlent d’euxmêmes. Leur zoo, sis au coeur des bois, est devenu l’attraction touristiqu­e de la Nouvelle-beauce. Non loin, d’autres attraction­s poussent. Le couple réfléchit à la possibilit­é d’offrir de l’hébergemen­t.

« C’est une vie de rêve, mais pas un conte de fées », nuance toutefois Émilie, soulignant qu’en travaillan­t avec des êtres vivants, et dans certains cas avec un potentiel de dangerosit­é, la vie ne peut plus être aussi spontanée.

Tout doit au contraire être réglé au quart de tour, et il faut souvent se lever la nuit. Quant aux vacances, elles sont très peu nombreuses. Heureuseme­nt, la passion l’emporte sur tout le reste.

Pour ceux qui se posent la question, le couple n’envisage pas d’avoir des enfants, du moins, ça ne figure pas dans les plans. « On n’a pas la pression de la famille », dit Clifford. « Tout le monde nous dit : “vous en avez pas mal, d’enfants” », ajoute Émilie, rappelant qu’avec leur équipe, ils veillent sur plus de 150 animaux.

Étant donné le succès de l’émission, des employés supplément­aires seront embauchés cet été. Le couple, qui jusqu’à maintenant réinvestit tous les profits dans les installati­ons, espère un achalandag­e toujours plus important. J’ai l’impression qu’ils seront servis.

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 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? En 2018, Émilie Ferland et Clifford Miller ont accueilli près de 100 000 visiteurs au Miller Zoo, projet né de leur union. Avis aux intéressés, l’établissem­ent est ouvert aussi pendant la saison hivernale.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS En 2018, Émilie Ferland et Clifford Miller ont accueilli près de 100 000 visiteurs au Miller Zoo, projet né de leur union. Avis aux intéressés, l’établissem­ent est ouvert aussi pendant la saison hivernale.
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 ?? PHOTOS JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? 1. Le couple vit entouré d’animaux. Pas étonnant que deux matous se soient invités durant l’entrevue. 2 et 3. Une serre tropicale a été aménagée pour héberger quelques animaux l’hiver. Cette tortue et ce tamandua comptent parmi les résidents de l’endroit. 4. Plusieurs espèces passent l’hiver à l’extérieur au Zoo Miller dont ce renard.
PHOTOS JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS 1. Le couple vit entouré d’animaux. Pas étonnant que deux matous se soient invités durant l’entrevue. 2 et 3. Une serre tropicale a été aménagée pour héberger quelques animaux l’hiver. Cette tortue et ce tamandua comptent parmi les résidents de l’endroit. 4. Plusieurs espèces passent l’hiver à l’extérieur au Zoo Miller dont ce renard.
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