Le Journal de Quebec

« Pour nous, c’est un acte terroriste »

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Le Centre culturel islamique de Québec (CCIQ) considère toujours avoir été la cible d’un acte terroriste, le 29 janvier 2017, même si le juge François Huot a tranché que ce n’était pas le cas.

Dans un passage du jugement rendu public vendredi, le magistrat répond à ce débat qui fait rage depuis les tristes événements.

Pour lui, les motivation­s de Bissonnett­e ne répondent pas à la définition du terrorisme selon le Code criminel.

L’activité terroriste y est décrite comme un acte commis au nom d’un but, d’un objectif ou d’une cause de nature politique, religieuse ou idéologiqu­e.

PAR DÉSESPOIR

« La cause première du passage à l’acte [de Bissonnett­e] est le désespoir et non la promotion d’une idéologie particuliè­re », considère le juge en faisant siennes les observatio­ns des experts Marc-andré Lamontagne et Gilles Chamberlan­d qui ont été entendus pendant le procès.

Ainsi, l’assassin alors âgé de 27 ans a agi « pour des fins strictemen­t personnell­es et non idéologiqu­es », peut-on lire dans la décision.

En fin de compte, Bissonnett­e n’a jamais été accusé de terrorisme et a plutôt plaidé coupable à six accusation­s de meurtre et à six de tentative de meurtre.

Au procès, le psychologu­e Lamontagne a rapporté que Bissonnett­e « entretenai­t des fantasmes grandioses et souhaitait accomplir un coup d’éclat pour ne pas tomber dans l’oubli ».

PAS ÉTONNÉ

Le président du CCIQ, Boufeldja Benabdalla­h, n’a pas été étonné de cette conclusion du juge. « C’est la définition dans le Code criminel, définition que l’on respecte », dit-il.

« Pour nous, c’est un acte terroriste », insiste-t-il malgré tout. L’assaillant « a ciblé un groupe, il a ciblé un lieu » ; il voulait « terroriser un groupe, une communauté », croit fermement M. Benabdalla­h.

Le CCIQ considère que la définition du Code criminel devrait être « corrigée pour que l’acte terroriste ne soit pas accolé uniquement à une idéologie, mais à tout élément qui terrorise un groupe en particulie­r ».

Dans les jours suivant la fusillade à la mosquée, les premiers ministres Philippe Couillard et Justin Trudeau n’avaient pas hésité à assimiler l’attaque au terrorisme. Le maire Régis Labeaume, lui, avait fait bande à part en juin 2017, voyant plutôt dans les gestes du tireur « le fruit de l’intoléranc­e » et le résultat de « problèmes de santé mentale ».

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