L’aventure AU SERVICE DE LA SCIENCE
À quelquesl moisi d’uned’ nouvelle ll mission en solitaire qui le conduira dans le désert du Namib, en Afrique, l’explorateur Stéphane Lévin rappelle son parcours inusité l’ayant amené dans les endroits les plus inhospitaliers de la planète, dans son nouveau livre, Métier : explorateur scientifique. Il explique comment s’organisent ses expéditions d’envergure au bout du monde, et à quoi elles servent.
« Je voulais tout dire, sans tabou, au sujet des coulisses de l’exploration : comment gérer sa structure – sa société qui va lui permettre d’en vivre à temps plein –, comment faire des conférences, comment rencontrer des entreprises, comment monter une expédition, faire des repérages, organiser la logistique, concevoir les campagnes scientifiques. »
Lorsqu’il se compare aux explorateurs des siècles passés, comme Franklin, Amundsen, Cook ou Bougainville, il aime penser qu’aujourd’hui, les explorateurs restent des découvreurs. « Aujourd’hui, on peut dire qu’il n’y a plus de terra incognita – on peut tout cartographier par satellite –, mais on travaille beaucoup plus sur la compréhension des systèmes. »
Il a fait le choix de l’extrême, donc de soumettre son organisme aux latitudes les plus extrêmes pour que cela serve à la recherche médicale, scientifique, technique.
« Je vais aller tester des technologies, les soumettre à des conditions très chaudes, très froides, de façon à ce que ça serve la recherche et l’innovation. Pour cela, j’ai un motto : l’extrême est une loupe de la normalité. Les missions que je mène vont servir les hôpitaux, les thérapies particulières, les qualifications de matériel, et nous permettre de nous projeter dans le monde de demain. »
PRÉPARATION ET PERSÉVÉRANCE
Quels traits de personnalité faut-il avoir pour affronter des situations extrêmes ? « Ça demande, je pense, beaucoup de persévérance, d’assiduité, de patience, parce qu’une mission, avant de partir, il faut la préparer. Les clefs du succès sont dans l’anticipation, dans la préparation, qu’elle soit physique, scientifique ou technique. Aller s’exposer 121 jours, dont 106 jours sans soleil, 70 jours d’obscurité totale et des indices de refroidissement éolien à – 80 °C, oui, ça se prépare. »
PRÉPARATION MENTALE
Lui arrive-t-il d’avoir peur ? « Je travaille énormément en amont sur les techniques cognitivo-comportementales, sur les techniques de gestion du stress et de visualisation mentale, qui me permettent d’anticiper tous ces stresseurs, peurs incluses, que je vais rencontrer durant mes missions, de façon à être le plus neutre au moment où elles vont se présenter. Ça peut être la présence d’un ours polaire, une blessure. »
« Après, ce sont des peurs rétroactives : on se dit, hou-là, il s’est passé un pépin, je n’ai pas été suffisamment vigilant, et je dois faire plus attention. Il y a une peur un peu planante, c’est la peur de soimême : est-ce que je vais aller au bout de mon engagement, est-ce que je vais être suffisamment solide pour affronter ces conditions sur des durées aussi longues. »
PROCHAINE EXPÉDITION
Sa prochaine expédition, qui aura lieu entre le 1er novembre 2020 et le 1er mars 2021, en solitaire, dans le désert du Namib, en Namibie, le passionne.
« Ce sera un accomplissement, peutêtre, de vingt années dédiées aux applications spatiales et à l’exploration spatiale, puisque je suis en train de travailler sur la préfiguration d’une future base lunaire. Quand on me sollicite pour ce type de projet, j’ai le coeur qui bat très fort ! »
Le centre de cardiologie de Montréal, l’université de Sherbrooke et l’université Mcgill font partie du projet.
MÉTIER : EXPLORATEUR SCIENTIFIQUE, Stéphane Lévin, Les Éditions de l’homme, 272 pages.