Le Journal de Quebec

EN 1984, C’ÉTAIT SARAJEVO

Il y a 35 ans, Gaétan Boucher remportait trois médailles au patinage de vitesse longue piste

- RICHARD BOUTIN

Il y a 35 ans jour pour jour, Gaétan Boucher remportait sa première médaille aux Jeux olympiques de Sarejevo au cours d’une semaine qui allait enflammer le Québec.

Après le bronze le 10 février 1984 aux 500 m dans une course disputée sous la neige, le patineur de vitesse longue piste allait par la suite décrocher l’or aux 1000 m et aux 1500 m. Boucher remportait ainsi trois des quatre médailles gagnées par le Canada à Sarajevo.

« Ça fait très longtemps, mais j’y pense à l’occasion, souligne Boucher qui a été fait officier de l’ordre du Canada en 1984. Ça passe vite. C’est spécial d’avoir gagné trois médailles au cours des mêmes Jeux. Le Canada gagnait peu de médailles à cette époque et c’était exceptionn­el aux yeux des gens. Ce fut complèteme­nt fou à mon retour à Mirabel et avec toutes les invitation­s qui ont suivi. »

Après avoir soigné une blessure à une cheville l’année précédant les Jeux qui aurait pu réduire ses chances de succès, Boucher visait haut. « Parce que j’avais connu quelques années difficiles et que je n’avais pas gagné un titre mondial depuis six ans, tu peux avoir certains doutes, mais je croyais en mes chances d’être le meilleur au monde, souligne le directeur général de la Corporatio­n du développem­ent culturel et sportif de Rosemère. C’était mes troisièmes Jeux olympiques et les attentes étaient élevées. Je voulais obtenir les meilleurs résultats possible. Même si j’étais parti en Europe seulement en décembre, j’étais dans la meilleure condition physique de ma carrière, je gagnais des courses et je n’avais pas de craintes au sujet de ma cheville. »

SURPRISE

Après sa médaille de bronze aux 500 m, Boucher savait qu’il était le favori aux 1000 m, son épreuve de prédilecti­on. « Je ne pouvais pas perdre, résume-t-il. Personne ne m’avait battu avant les Jeux et je gagnais facilement. Je me sentais comme Eric Heiden au 1000, 1500 et 5000 en 1980 à Lake Placid. Je ne pouvais pas perdre à moins d’une chute ou d’une très mauvaise performanc­e. »

« Aux 1500 m, j’étais plus détendu parce que j’avais déjà remporté une médaille d’or, de poursuivre le natif de Charlesbou­rg, mais je croyais en mes chances de gagner. Quand j’ai franchi le fil d’arrivée, je ne pensais pas avoir gagné, mais je pensais terminer sur le podium. Je croyais que je n’avançais plus très vite à la fin, mais c’était la même chose pour tous les patineurs.

RIVALITÉ CANADIEN-NORDIQUES

Benoît Lamarche a réalisé la victoire de Boucher avant le principal intéressé. « Gaétan avait la face d’un gars découragé quand il a franchi le fil d’arrivée, souligne le patineur qui n’avait que 17 ans et qui vivait son baptême des Jeux olympiques. Nous étions dans le virage et Gaétan a réalisé qu’il se passait quelque chose quand il nous a vus sauter. Il s’est viré de bord et a regardé le tableau pour réaliser qu’il avait gagné. »

L’engouement entourant le retour de Boucher au pays où une foule très importante l’attendait à Mirabel s’était transporté dans la rivalité Canadien-nordiques. Les deux équipes voulaient le présenter à la foule en premier. «Mon agent Pierre Lacroix avait dit c’est simple tu vas aller à l’endroit où l’équipe joue en premier, rappelle-t-il. Les Nordiques jouaient les premiers contre Edmonton. Parce que j’allais à Québec en premier, mon agent avait dû faire un compromis. Je faisais la mise au jeu protocolai­re et je quittais le Colisée. Le lendemain à Montréal toujours contre les Oilers et Wayne Gretzky, j’avais apporté mes médailles et j’avais passé le match en compagnie du président Ronald Corey. Cela avait été tout un honneur chaque fois pour moi qui étais un partisan des Nordiques.

« C’était impossible de passer incognito et c’est encore le cas à Québec, d’ajouter Boucher qui préfère se tenir loin des feux de la rampe. Il fallait que je vive avec les honneurs même si je n’aime pas ça plus qu’il le faut. »

« ÇA FAIT TRÈS LONGTEMPS, MAIS J’Y PENSE À L’OCCASION. ÇA PASSE VITE. C’EST SPÉCIAL D’AVOIR GAGNÉ TROIS MÉDAILLES AU COURS DES MÊMES JEUX. LE CANADA GAGNAIT PEU DE MÉDAILLES À CETTE ÉPOQUE ET C’ÉTAIT EXCEPTIONN­EL AUX YEUX DES GENS. CE FUT COMPLÈTEME­NT FOU À MON RETOUR À MIRABEL ET AVEC TOUTES LES INVITATION­S QUI ONT SUIVI. » — Gaétan Boucher

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PHOTO CHANTAL POIRIER, Dans son bureau de directeur général de la Corporatio­n de développem­ent culturel et sportif de Rosemère, Gaétan Boucher se souvient de ses trois médailles remportées en 1984 à Sarajevo.
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PHOTOSPHOT­OS D’ARCHID’ARCHIVES 41 et 2. Gaétan Boucher (à gauche sur la photo du haut) a remporté une médaille d’argent aux JO de Lake Placid, en 1980. 3. L’athlète natif de Charlesbou­rg a contribué à sa façon à ouvrir des portes dans le milieu sportif canadien. 4. L’olympien montre fièrement ses trois médailles (deux d’or et une de bronze) remportées aux JO de Sarajevo en 1984.
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