Le Journal de Quebec

Un précurseur pour les athlètes canadiens

- RICHARD BOUTIN

Plusieurs estiment que le coup d’éclat de Gaétan Boucher à Sarajevo a été l’élément déclencheu­r dans les succès du Canada sur la scène olympique.

« Avec ses performanc­es à Sarajevo, Gaétan est devenu le Maurice Rocket Richard du sport amateur, affirme le directeur général de la Fédération québécoise de patinage de vitesse du Québec, Robert Dubreuil. Il a soulevé les gens. Gaétan a ouvert les portes pour les athlètes qui ont suivi tant en patinage de vitesse que dans les autres sports. Il a permis de croire que c’était possible de gagner. Ça ne s’est pas fait du jour au lendemain, mais il a pavé la voie et a été un pionnier. À partir de ce moment, les résultats du Canada sur la scène olympique ont commencé à s’améliorer. »

MODESTIE

Coéquipier de Boucher à Sarajevo ainsi qu’aux Jeux de Calgary en 1988 au sein de l’équipe canadienne, Benoît Lamarche abonde dans le même sens. « Mon souvenir marquant des Jeux de Sarajevo fut le drapeau canadien entre les deux drapeaux russes à la remise des médailles du 1000 m. Le petit Canadien sans ressources qui avait battu les deux gros méchants Russes. Les Russes et les Allemands de l’est avaient de grosses équipes. Au Canada, on vivait une autre réalité et on y allait avec le minimum. On misait sur un entraîneur et un physiothér­apeute qui n’était pas toujours présent. »

« Avant les succès de Gaétan, les meilleurs athlètes canadiens recevaient un brevet de 400 $ par mois, d’ajouter Lamarche. Avant le départ pour Sarajevo, le téléphone de Gaétan avait été quasiment débranché parce que le compte n’était pas payé. »

Modeste comme toujours, Boucher a entendu ce discours où il a fait beaucoup pour les génération­s qui ont suivi, mais il refuse de prendre le crédit. « Ce n’est pas moi qui le dis, mais plusieurs pensent que j’ai permis aux athlètes de croire en eux. J’ai été élevé comme ça. Mon père me disait que la seule chose qui pouvait me différenci­er des autres était l’entraîneme­nt. Tout le monde avait deux bras et deux jambes et il n’y avait rien d’impossible si tu mettais les efforts. »

DAVID CONTRE GOLIATH

Boucher ne souffrait pas de complexes face aux Néerlandai­s, aux Russes, aux Allemands de l’est et aux Norvégiens qui dominaient sur la scène internatio­nale. « Parce que j’ai participé à mon premier championna­t mondial à 16 ans, les meilleurs patineurs étaient beaucoup plus vieux et ils ont quitté quelques années plus tard. Il y avait des noms que je respectais, mais je n’étais pas intimidé. Le patinage de vitesse était peu connu et j’étais un peu naïf. »

« On peut dire que c’était David contre Goliath parce que les meilleures nations avaient plus d’argent et étaient mieux équipées que nous, mais nous avions un avantage, de poursuivre Boucher. On partait pour l’europe en octobre et on pouvait se consacrer uniquement au patin, ce qui n’était pas le cas de nos adversaire­s qui devaient travailler. Ça compensait pour les systèmes qui étaient plus développés ailleurs. »

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