L’étau se resserre
Le commissaire à l’éthique ouvre une enquête sur les pressions exercées dans l’affaire Snc-lavalin
OTTAWA | L’affaire Snc-lavalin continue de faire monter la pression sur Justin Trudeau, qui doit maintenant composer avec une enquête du commissariat à l’éthique et la grogne de ses députés.
Le premier ministre Trudeau a reçu deux tuiles plutôt qu’une, hier, liées aux allégations d’ingérence politique explosives visant son bureau.
Le chien de garde de l’éthique a confirmé qu’il se penchera sur les « allégations selon lesquelles le premier ministre — ou son cabinet — aurait tenté de faire pression » sur l’ex-ministre de la Justice Jody Wilson-raybould.
Selon le Globe and Mail, Mme WilsonRaybould aurait subi de fortes pressions pour aider le géant montréalais de l’ingénierie à éviter un procès criminel pour fraude et corruption. M. Trudeau a depuis nié à plusieurs reprises que son bureau se soit ingéré dans le dossier au-delà ce qui est permis par la loi.
En point de presse à Vancouver, Justin Trudeau a dit accueillir favorablement la tenue d’une enquête du commissaire à l’éthique.
« Je pense que c’est important, étant donné tout ce qui a été dit, que les Canadiens sachent qu’ils peuvent continuer d’avoir confiance en notre système », a-t-il dit.
DISSENSION AU PLC
La journée du premier ministre avait déjà bien mal commencé. Un de ses députés du Nouveau-brunswick, Wayne Long, a brisé les rangs dans un message sur Twitter.
Se disant « extrêmement troublé » par les révélations du quotidien torontois, M. Young a joint sa voix au Parti conservateur et au NPD pour exiger la tenue d’une enquête formelle du comité de la justice.
Malgré l’enquête du commissaire à l’éthique, les oppositions tiennent toujours mordicus à ce que ce comité à majorité libérale entende des témoins clés de l’affaire Snc-lavalin. Un vote aura lieu demain.
« C’est plus qu’une simple question d’éthique, a lancé le chef conservateur Andrew Scheer en faisant allusion à de potentielles fautes de nature criminelle si l’ingérence politique venait à être démontrée. Si Justin Trudeau nous bloque […], nous utiliserons tous les outils juridiques à notre disposition. »
Un stratège libéral, Greg Maceachern, soutient que M. Young est loin d’être le seul député au sein du gouvernement Trudeau à ressentir un malaise par rapport à cette affaire.
« Ce que j’entends, c’est que plusieurs députés sont mécontents de la lenteur avec laquelle le parti a géré cette crise », explique-t-il. Et ce n’est pas la première fois. »
SECRET PROFESSIONNEL
Durant son point de presse à Vancouver, Justin Trudeau a ouvert la porte à laisser l’ex-ministre de la Justice faire la lumière sur cette histoire qui est rapidement devenue un boulet pour le gouvernement.
Jody Wilson-raybould garde le silence depuis le début de cette affaire, plaidant le secret professionnel.
« Le secret professionnel n’est pas un enjeu qui est simple. J’ai donc demandé à l’actuel ministre de la Justice de regarder cet enjeu et de me faire une recommandation », a expliqué M. Trudeau.