Le Journal de Quebec

L’étau se resserre

Le commissair­e à l’éthique ouvre une enquête sur les pressions exercées dans l’affaire Snc-lavalin

- GUILLAUME ST-PIERRE ET ÉMILIE BERGERON

OTTAWA | L’affaire Snc-lavalin continue de faire monter la pression sur Justin Trudeau, qui doit maintenant composer avec une enquête du commissari­at à l’éthique et la grogne de ses députés.

Le premier ministre Trudeau a reçu deux tuiles plutôt qu’une, hier, liées aux allégation­s d’ingérence politique explosives visant son bureau.

Le chien de garde de l’éthique a confirmé qu’il se penchera sur les « allégation­s selon lesquelles le premier ministre — ou son cabinet — aurait tenté de faire pression » sur l’ex-ministre de la Justice Jody Wilson-raybould.

Selon le Globe and Mail, Mme WilsonRayb­ould aurait subi de fortes pressions pour aider le géant montréalai­s de l’ingénierie à éviter un procès criminel pour fraude et corruption. M. Trudeau a depuis nié à plusieurs reprises que son bureau se soit ingéré dans le dossier au-delà ce qui est permis par la loi.

En point de presse à Vancouver, Justin Trudeau a dit accueillir favorablem­ent la tenue d’une enquête du commissair­e à l’éthique.

« Je pense que c’est important, étant donné tout ce qui a été dit, que les Canadiens sachent qu’ils peuvent continuer d’avoir confiance en notre système », a-t-il dit.

DISSENSION AU PLC

La journée du premier ministre avait déjà bien mal commencé. Un de ses députés du Nouveau-brunswick, Wayne Long, a brisé les rangs dans un message sur Twitter.

Se disant « extrêmemen­t troublé » par les révélation­s du quotidien torontois, M. Young a joint sa voix au Parti conservate­ur et au NPD pour exiger la tenue d’une enquête formelle du comité de la justice.

Malgré l’enquête du commissair­e à l’éthique, les opposition­s tiennent toujours mordicus à ce que ce comité à majorité libérale entende des témoins clés de l’affaire Snc-lavalin. Un vote aura lieu demain.

« C’est plus qu’une simple question d’éthique, a lancé le chef conservate­ur Andrew Scheer en faisant allusion à de potentiell­es fautes de nature criminelle si l’ingérence politique venait à être démontrée. Si Justin Trudeau nous bloque […], nous utiliseron­s tous les outils juridiques à notre dispositio­n. »

Un stratège libéral, Greg Maceachern, soutient que M. Young est loin d’être le seul député au sein du gouverneme­nt Trudeau à ressentir un malaise par rapport à cette affaire.

« Ce que j’entends, c’est que plusieurs députés sont mécontents de la lenteur avec laquelle le parti a géré cette crise », explique-t-il. Et ce n’est pas la première fois. »

SECRET PROFESSION­NEL

Durant son point de presse à Vancouver, Justin Trudeau a ouvert la porte à laisser l’ex-ministre de la Justice faire la lumière sur cette histoire qui est rapidement devenue un boulet pour le gouverneme­nt.

Jody Wilson-raybould garde le silence depuis le début de cette affaire, plaidant le secret profession­nel.

« Le secret profession­nel n’est pas un enjeu qui est simple. J’ai donc demandé à l’actuel ministre de la Justice de regarder cet enjeu et de me faire une recommanda­tion », a expliqué M. Trudeau.

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PHOTO D’ARCHIVES Le premier ministre Justin Trudeau nie l’ingérence de son bureau pour protéger une entreprise d’un procès criminel.

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