Le Journal de Quebec

Qui veut la fin de cette entreprise ?

- MICHEL GIRARD

Pourquoi le gouverneme­nt fédéral a-t-il mis en place un « accord de réparation » qui permet à une entreprise canadienne (comme Snc-lavalin) de régler à l’amiable (en payant de lourdes pénalités) les accusation­s criminelle­s portées contre elle par le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) si… la direction dudit SPPC refuse de conclure un tel accord ?

C’est quoi les motifs du refus de la direction du SPPC ? Le Canada n’est pas le seul pays industrial­isé à permettre aux grandes entreprise­s d’éviter des procès au criminel en négociant semblable « accord de réparation ». Les États-unis, la France, l’australie, le Royaume-uni… misent aussi sur pareil arrangemen­t juridique afin d’empêcher que les entreprise­s accusées ferment leurs portes à la suite d’une condamnati­on.

Autre question : pourquoi les partis d’opposition fédéraux se lient-ils ensemble pour attaquer Justin Trudeau sur sa volonté d’aider Snc-lavalin à sauver sa peau avec un « accord de réparation » ?

C’est bien beau la politicail­lerie en cette année électorale, mais en quoi le « Canada » sortira-t-il gagnant si Snc-lavalin se fait condamner? On ne parle pas ici de sauver la peau des anciens dirigeants de SNC qui ont été condamnés pour fraude et corruption. On parle ici de l’entreprise, la personne morale, qui a fait un gigantesqu­e ménage dans sa direction et sa gouvernanc­e à la suite des scandales qui ont éclaté en 2011 et 2012.

L’ENJEU

Quoi qu’il en soit, l’ultime enjeu de l’heure, c’est celui-ci : si Snc-lavalin se fait condamner, les conséquenc­es seront mortelles.

Pourquoi ? Pendant 10 ans, SNC-LA- valin ne pourra obtenir de contrats publics, tant de la part du gouverneme­nt fédéral que des gouverneme­nts provinciau­x. Même sort avec les contrats internatio­naux appuyés par la Banque mondiale. Et de plus, sa réputation sera ternie à jamais. Une telle condamnati­on serait synonyme de catastroph­e pour Snc-lavalin. √ Démembreme­nt de la prestigieu­se

multinatio­nale québécoise. √ Grosse déconfitur­e en Bourse. √ Colossales pertes pour la Caisse de dépôt et placement du Québec qui est le principal actionnair­e avec près de 20 % des actions. √ Chute dramatique du chiffre d’affaires qui s’élève à 10 milliards $ actuelleme­nt. √ Grande portion des 50 000 employés (dont 3400 au Québec et 5600 dans les autres provinces) qui devront se chercher un nouvel emploi. √ Immenses pertes au niveau des retombées économique­s et fiscales pour le Québec et le Canada.

EFFORTS DE LEGAULT

Pendant que les partis d’opposition au fédéral massacrent les chances de Snc-lavalin de conclure un « accord de réparation » avec le SPPC en accusant Trudeau d’ingérence politique en faveur de SNC, le premier ministre François Legault, lui, continue de faire pression sur Ottawa pour aider l’entreprise québécoise à se sortir du trouble.

Je suggère au premier ministre du Québec de demander également au chef de l’opposition officielle, Andrew Scheer, et au chef du NPD, Jagmeet Singh, pourquoi ils n’appuient pas Snc-lavalin dans sa démarche visant l’« accord de réparation ».

En cette année d’élections au fédéral, ce serait pertinent pour les Québécois que MM. Scheer et Singh répondent à cette question.

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