Le Journal de Quebec

On veut avoir notre mot à dire !

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

Il y a des débats qui n’en finissent jamais.

Comme celui du port des signes religieux dans la fonction publique.

La commission Bouchard-taylor date de 2008, saint bordel. Onze ans !

Et on en parle encore !

LA DÉMOCRATIE DIRECTE

Pourquoi on n’organise pas un référendum sur la question ?

On soumet un projet de loi à la population, et les citoyens se prononcent.

Une fois que les gens ont voté, on ferme le dossier et on passe à autre chose.

Si on est suffisamme­nt intelligen­ts pour élire un gouverneme­nt qui va s’occuper de nos affaires pendant quatre ans, on est suffisamme­nt intelligen­ts pour se prononcer sur de grandes questions de société qui sont susceptibl­es d’avoir un impact important sur nos vies.

On est pour la démocratie ou alors on ne l’est pas.

Je ne dis pas d’organiser des référendum­s à répétition sur toutes sortes de dossiers comme on le fait en Suisse, par exemple.

Un référendum sur l’heure de sortie des poubelles, un autre sur le ramassage de la neige ou l’heure de fermeture des parcs…

Trop de consultati­ons, c’est comme pas assez.

Seulement sur des dossiers qui ont une forte résonance morale et qui divisent la population.

Comme la légalisati­on du pot, l’aide médicale à mourir.

Ou l’interdicti­on des signes religieux dans la fonction publique.

Après tout, ces questions nous regardent tous.

Pourquoi on n’aurait pas le droit de se prononcer sur elles ?

Pourquoi ne pas consulter le peuple sur les questions importante­s ?

L’AVENIR NOUS ÉCHAPPE

Pourquoi des milliers de gens sortent dans la rue en France ?

Parce qu’ils en ont ras le bol de ne pas être consultés par leurs dirigeants.

Ils sentent que le destin de leur pays leur échappe.

Des décisions fondamenta­les concernant l’immigratio­n ou les quotas en agricultur­e sont prises par une poignée de personnes sans que le peuple puisse dire s’il est d’accord ou pas.

Un petit groupe d’élus et de technocrat­es tranchent. Ensuite, l’ensemble des citoyens est pris à vivre avec les conséquenc­es de leurs décisions… Nous ne sommes plus en 1940. Les gens, maintenant, veulent être partie prenante des décisions importante­s qui sont prises en leur nom.

La légalisati­on du pot a divisé (et continue de diviser) la population.

Certains médecins sont pour, d’autres contre.

Certains psys sont contre, d’autres pour. Pourquoi le gouverneme­nt n’a-t-il pas organisé un référendum sur la question ? Vous me direz que la légalisati­on du pot était au coeur du programme du PLC. Tout comme l’interdicti­on des signes religieux était au coeur du programme de la CAQ.

Oui, mais il y a plusieurs raisons de voter pour un parti.

Certains ont voté pour Trudeau pour légaliser le pot. Mais d’autres ont voté pour lui pour d’autres raisons — parce qu’ils appuient sa vision du multicultu­ralisme, par exemple.

Une élection n’est pas un référendum.

TOURNER LA PAGE

« Il faut plus de démocratie directe si l’on veut sortir de cette crise de la représenta­tion politique dans laquelle nous sommes », a déjà dit l’écrivain français Michel Houellebec­q en entrevue.

Moi, si les gens décidaient démocratiq­uement qu’ils sont pour le port des signes religieux dans la fonction publique, j’accepterai­s leur verdict et je passerais à un autre appel.

Car tout ce qui traîne finit par se salir…

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