Le Journal de Quebec

90 jours de prison pour « un crime de compassion »

Il a tenté de mettre fin aux souffrance­s de son père

- NICOLAS SAILLANT

Un homme qui a tenté d’étouffer son père en fin de vie avec une couverture pour « abréger ses souffrance­s » a écopé d’une peine de prison discontinu­e de 90 jours.

En avril 2015, le jour même où sa mère décède, le père de Ghislain Abel est hospitalis­é à l’hôtel-dieu de Lévis alors que sa mort est « imminente ». Une hospitalis­ation également survenue quelques jours seulement après la perte de son beau-père.

Six jours plus tard, Ghislain Abel culpabilis­e de voir son père de 80 ans souffrir après avoir luimême pris la décision de cesser toute alimentati­on et autorisé l’administra­tion de morphine.

CONFRONTÉ

L’homme de 54 ans est surpris par une infirmière qui retrouve une couverture en flanelle pliée en rectangle sur le visage de Louis Maurice Abel. L’accusé dit pourtant que « ça va bien ».

« La couverture est déposée de façon à nuire à sa respiratio­n et mettre sa vie en danger », dira l’enquête.

Questionné par l’infirmière, Ghislain Abel dit finalement : « Je ne suis plus capable de voir mon père de même, ça fait une semaine, pouvez-vous me comprendre? »

Averti par le personnel, un agent se présente sur place et confronte l’accusé qui ajoute : « Je suis tanné de voir mon père souffrir […] je ne suis pas un criminel. »

L’observatio­n du patient montre alors « une enflure en développem­ent, ce qui implique nécessaire­ment qu’une certaine pression avait été exercée sur son visage, plus particuliè­rement sur son nez ».

Toutefois, le geste criminel de l’accusé n’a « joué aucun rôle » sur la mort de M. Abel père, décédé trois jours plus tard.

Son fils avait entre-temps été arrêté pour tentative de meurtre avant que l’accusation soit modifiée pour voie de fait grave mettant la vie en danger.

DÉCISION ÉMOTIVE

Selon le juge Jean Asselin, le crime de Ghislain Abel en est un de « compassion ». « Le comporteme­nt est le résultat d’une décision émotive, mal avisée et le réflexe d’une erreur de jugement », estime le magistrat.

Le contexte difficile en raison de la mort de sa mère et de son beau-père « atténue sa culpabilit­é morale » selon le juge qui parle d’un « cas rare et singulier ».

Ainsi, une peine de 90 jours discontinu­e a été imposée à Abel. Il devra aussi faire 200 heures de travaux communauta­ires et faire un don de 3000 $.

 ??  ?? GHISLAIN ABEL Condamné
GHISLAIN ABEL Condamné

Newspapers in French

Newspapers from Canada