« Si j’avais fait ça à côté, je serais en prison », dit l’ex-pdg du port
L’ancien PDG du port de Québec, Ross Gaudreault, a soutenu hier en Cour supérieure qu’il « serait en prison aujourd’hui » s’il avait construit à l’époque une structure comme le stationnement de la place des Canotiers à côté des condos des Terrasses du Vieux-port.
Le juge Jean Lemelin entend depuis hier sur le fond la requête introductive d’instance pour obtenir une injonction permanente déposée au printemps 2017 par trois propriétaires de condominiums des Terrasses du Vieux-port.
Les demandeurs réclament à la Cour d’obliger la Société québécoise des infrastructures (SQI) de démolir le 4e étage du stationnement de la place des Canotiers, inauguré en 2017, parce qu’il leur obstrue en tout ou en partie la vue sur le fleuve.
Leur avocat, Me Jean-paul Boily, soutient que la construction, bien qu’elle soit conforme à la hauteur prévue de 17 mètres, ne respecte pas la servitude de vue en vigueur depuis que les Terrasses du Vieux-port ont vu le jour, en 1986. Cette servitude prohibe toute construction obstruant la vue sur le fleuve SaintLaurent, plaide-t-il.
Premier à la barre des témoins pour les demandeurs, l’ancien président-directeur général du port de Québec a été questionné sur le projet de passerelle pour le terminal des croisières, au début des années 2000.
Ross Gaudreault a confirmé qu’il était acquis à l’époque que « jamais le port n’allait obstruer la vue des gens du condo ». « Si j’avais fait ça à côté, je serais en prison aujourd’hui, a-t-il lancé en référence au nouveau stationnement. Ça avait été l’enfer avec l’urbanisme de la Ville de Québec », se rappelle-t-il.
SERVITUDE
Il a d’ailleurs mentionné qu’à l’époque, « sûrement » pour respecter la servitude, la passerelle avait été abaissée et approchée du bâtiment « pour que personne ne perde la vue sur le fleuve ».
« C’était une préoccupation pour la construction du terminal aussi ? » a demandé Me Boily. « Oui. On aurait voulu faire trois étages, mais on s’est limité à deux pour les mêmes raisons », a-t-il dit.
Des photos prises dans un condo lui ont été présentées, sur lesquelles on constate l’impact visuel du stationnement sur la vue d’un propriétaire. « C’est sûr et certain que dans mon temps, ça n’aurait pas passé », a affirmé M. Gaudreault, qui a glissé avoir lui-même été « surpris » par la nouvelle structure.
Le juge entend les parties dans cette affaire jusqu’à demain au palais de justice de Québec.