Le Journal de Quebec

Un tueur à gages veut sortir de prison plus tôt que prévu

Il tente de se prévaloir de la clause de la dernière chance auprès d’un jury

- CLAUDIA BERTHIAUME

Un tueur à gages, qui a traqué et assassiné un père de famille en croyant faussement qu’il s’agissait d’un pédophile, espère sortir du pénitencie­r plus tôt que prévu.

Denis Caron a été condamné à la prison à vie deux fois plutôt qu’une pour le meurtre prémédité de Marek Mandziuch, survenu le 10 décembre 1997 à Laval.

L’homme, aujourd’hui âgé de 57 ans, a été arrêté en janvier 2002 grâce à un délateur.

Il n’avait aucun lien avec la victime, un livreur de boulangeri­e de 34 ans abattu de quatre projectile­s d’arme à feu dans l’embrasure de sa porte de garage.

Caron a été reconnu coupable une première fois en 2004, mais la Cour d’appel a ordonné un nouveau procès, qui s’est soldé par un verdict identique en 2008.

Pour le moment, le tueur est admissible à une libération conditionn­elle totale seulement en 2027, mais il espère bénéficier de la clause de la dernière chance.

Aboli en 2011 par le gouverneme­nt Harper, cet article du Code criminel permet aux meurtriers qui ont purgé au moins 15 ans de détention de demander à un jury de réduire le temps qu’ils doivent passer derrière les barreaux avant d’être admissible­s à une libération conditionn­elle.

DEUX SEMAINES

C’est la procédure qu’a entamée Denis Caron, hier, au palais de justice de Laval.

Pendant les deux prochaines semaines, un jury de six femmes et six hommes entendra les témoignage­s d’agents de libération conditionn­elle, de psychologu­es, d’un prêtre, du meurtrier lui-même, de son frère et de bénévoles qui l’ont côtoyé lors de ses 17 années de détention.

Des proches de la victime pourraient aussi s’adresser au tribunal.

« Le but est de porter à votre attention les changement­s dans la situation de M. Caron qui pourraient justifier l’imposition d’une peine moins sévère », a expliqué le juge de la Cour supérieure Marc-andré Blanchard lors de ses directives préliminai­res.

« Vous n’êtes pas ici pour décider de remettre M. Caron dans la rue demain matin. C’est la Commission des libération­s conditionn­elles du Canada qui aura toujours cette tâche, a enchaîné Me Sandra Brouillett­e, de la défense. Cela ne changera pas la sentence, qui sera toujours une peine à perpétuité. »

Le jury a amorcé sa première journée hier avec la lecture d’un rapport résumant le parcours carcéral du condamné à vie.

10 000 $ POUR LE MEURTRE

Dans le document de 60 pages, dont Le Journal a obtenu copie, on apprend que Caron aurait touché 10 000 $ pour assassiner le père de famille. Le contrat provenait d’une femme non identifiée qui affirmait que Marek Mandziuch avait agressé sexuelleme­nt sa fille mineure.

Le meurtrier n’a fait aucune vérificati­on et a appris lors de son second procès que la victime n’avait jamais posé de tels gestes.

Après des années à nier son crime, Caron a finalement avoué en être l’auteur en 2010.

La Couronne est représenté­e par Me Brenda Toucado.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ?? Denis Caron (en mortaise) purge une peine de prison à vie pour le meurtre de Marek Mandziuch, qu’on voit sur la photo de droite avec sa conjointe. Le crime a été perpétré à la résidence de la victime à Laval en 1997.
PHOTOS D’ARCHIVES Denis Caron (en mortaise) purge une peine de prison à vie pour le meurtre de Marek Mandziuch, qu’on voit sur la photo de droite avec sa conjointe. Le crime a été perpétré à la résidence de la victime à Laval en 1997.

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