Le Journal de Quebec

Faire des affaires au Québec prend trop de temps et nuit à l’investisse­ment

Le PDG de la minière Osisko blâme la bureaucrat­ie trop lourde des gouverneme­nts

- PHILIPPE ORFALI

Le Québec de François Legault a beau se dire « ouvert aux affaires », il ne l’est pas suffisamme­nt pour le président d’osisko Redevances Aurifères.

Sean Roosen, président du conseil d’administra­tion et chef de la direction de l’entreprise minière, n’a pas la langue dans sa poche. Il n’hésite pas à monter au créneau pour dénoncer la disparitio­n de sièges sociaux de son industrie au Canada, un phénomène qui mène à la perte de nombreux emplois très bien rémunérés.

Il a ainsi récemment dénoncé la vente de la canadienne Goldcorp à l’américaine Newmont, qui devient donc propriétai­re de la mine Éléonore, au Québec, près de la baie James.

Il a aussi déploré la vente de Barrick Gold, qui s’est traduite par l’éliminatio­n du siège social torontois de la compagnie et de près de 100 emplois au pays.

« On parle beaucoup de jobs de qualité en ce moment, à 100 000 $ par année et plus. Bien, au Canada, entre 20 et 30 % des jobs de plus de 100 000 $ sont dans le secteur des ressources naturelles », explique le chef d’entreprise.

Mais les entreprise­s sont loin d’être les seules à blâmer, selon lui.

Un projet minier a aujourd’hui beaucoup plus de chances de se réaliser dans d’autres pays qu’au Canada en raison du nombre important d’intervenan­ts et de la bureaucrat­ie de chaque palier de gouverneme­nt, a estimé M. Roosen, lundi, en marge d’une allocution au Cercle canadien de Montréal.

« UN RISQUE »

« J’en ai déjà parlé avec Felix Chee, à l’époque chef de China Investment Corp., au Canada. Pour lui, le Canada était perçu comme un risque : il y a tellement de niveaux de gouverneme­nt. Si tu règles tout du côté fédéral, ça prend tellement longtemps que peut-être que le gouverneme­nt provincial aura changé, ou les élus à la ville, ou le chef des Premières Nations de la localité où est la mine. Il y a tellement de réglementa­tions qui peuvent changer, c’est impossible de savoir com- bien de temps un processus peut réellement prendre. »

Il ne milite pas pour un assoupliss­ement des règles, mais pour leur simplifica­tion, dit-il.

« C’est sûr et certain qu’aujourd’hui, quand tu fais le calcul d’un projet, tu dois savoir combien de temps ça va prendre à le faire décoller. Si ça prend 10 ans, tu sais que tu as des frais administra­tifs à [payer] pendant 10 ans. C’est difficile de trouver des actionnair­es prêts à attendre pendant 10 ans. Ils vont mettre leur argent dans Apple à la place, ils n’ont pas 10 ans, ils veulent du rendement maintenant. »

Ces propos recoupent ceux de François Legault, qui a affirmé pendant la campagne électorale qu’il souhaitait que les évaluation­s environnem­entales pour les projets miniers se déroulent plus rapidement afin d’améliorer la compétitiv­ité du Québec dans cette industrie.

C’est aussi l’avis de l’associatio­n minière du Québec, qui demande au gouverneme­nt de s’attaquer rapidement à la réduction des délais qui caractéris­ent le développem­ent des projets miniers au Québec.

« LES CHINOIS NOUS DISENT QU’ILS NE SAVENT PAS VERS QUEL GOUVERNEME­NT SE TOURNER, ET QU’UNE FOIS QU’ILS ONT COMPRIS, ON EST DÉJÀ RENDU AUX PROCHAINES ÉLECTIONS. »

– Sean Roosen

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PHOTO PHILIPPE ORFAL Le contexte réglementa­ire rend la réalisatio­n de projets miniers au Canada plus complexe que dans d’autres pays, ce qui nuit aux investisse­ments, a dit le président d’osisko, Sean Roosen, en marge d’une allocution au Cercle canadien de Montréal, hier.

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