Le Journal de Quebec

Nos dirigeants et l’amour des dictateurs

- LOÏC TASSÉ loic.tasse@quebecorme­dia.com

Il y a toujours quelque chose de profondéme­nt répugnant à voir nos dirigeants serrer la main de dictateurs assassins.

Les haut-le-coeur sont encore plus forts quand nos dirigeants laissent tomber les principes démocratiq­ues les plus élémentair­es contre une poignée de dollars. Cela porte un nom : c’est de la prostituti­on. C’est ce que le parti conservate­ur propose aux Canadiens lors de la prochaine élection.

Le porte-parole conservate­ur aux Affaires étrangères, Erin O’toole, vient en effet de déclarer que son parti, s’il était élu, veillerait à ce que le Canada se rapproche de l’arabie saoudite et de la Chine. Pourquoi ? Pour de l’argent. Le reste n’est qu’excuses et justificat­ions maladroite­s.

Par exemple, selon M. O’toole, « gagner la confiance » de l’arabie saoudite permettrai­t de mieux plaider les questions de droits de la personne devant les dirigeants saoudiens.

Que l’arabie saoudite soit dirigée par des assassins n’ébranle pas les conservate­urs. Que les Saoudiens fassent la promotion active d’un islam fondamenta­liste, terroriste et ennemi des démocratie­s, ne les dérange pas. Pourvu que les Saoudiens achètent des produits canadiens et qu’ils paient en bons dollars américains.

MÊME LOGIQUE AVEC LA CHINE

Les conservate­urs suivent la même logique avec la Chine qui est en train de devenir le pire système totalitair­e de la planète. Qu’importe aux conservate­urs. Tant qu’il y a de l’argent à faire avec la Chine, la protection de la démocratie est secondaire.

Les conservate­urs sont loin d’être les seuls à fermer les yeux sur l’épouvantab­le dérive totalitair­e que subit la Chine depuis que Xi Jinping a pris le pouvoir. C’est cette dérive totalitair­e qui a poussé les dirigeants chinois à interférer dans les affaires internes de Hong Kong bien avant le retour complet du territoire à la Chine en 2047.

UN EXEMPLE QUI VIENT DE HAUT

Le problème est que le mauvais exemple vient du prétendu leader du monde libre : le président américain.

Vendredi, Donald Trump a écrit que la question de Hong Kong était uniquement une affaire interne. C’est faux. La Chine est liée par un traité internatio­nal avec la Grande-bretagne sur Hong Kong. Les manoeuvres du gouverneme­nt chinois pour imposer une loi d’extraditio­n violent ce traité. Comme plusieurs autres gestes de Pékin.

Trump refuse ainsi non seulement de soutenir les Hongkongai­s qui luttent pour instaurer la démocratie chez eux, mais aussi de défendre le droit internatio­nal.

Certes, la lutte des Hongkongai­s est désespérée. Le gouverneme­nt chinois menace d’envoyer l’armée chinoise dans les rues de Hong Kong pour mater la population. Comme au temps où l’union soviétique menaçait militairem­ent les pays d’europe de l’est pour soutenir les gouverneme­nts fantoches qu’elle y avait placés. Rien de bien nouveau donc dans l’attitude du Parti communiste chinois. Mais le refus américain de soutenir un mouvement démocratiq­ue contre un régime communiste est nouveau.

Ce qui se passe à Hong Kong préfigure ce qui risque d’arriver ailleurs dans le monde, quand la Chine sera encore plus puissante. Le gouverneme­nt de Xi Jinping ne respecte pas sa parole et il ne tolère aucune critique contre lui.

Nos démocratie­s n’ont pas à se vendre à des pays dictatoria­ux. Les intérêts commerciau­x ont une limite. La limite entre le commerce et la prostituti­on.

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