Le Journal de Quebec

TOYOTA GR SUPRA Sublime !

- Jacques Bienvenue

Toyota fait renaître la Supra en accolant à son nom deux initiales évocatrice­s de performanc­e : GR. Elles réfèrent à Gazoo Racing, la filiale qui a donné à ce constructe­ur sa première victoire aux 24 Heures du Mans.

Les voitures sport de marques allemandes ont longtemps eu le haut du pavé. Le raffinemen­t et la rigueur de leur conception, leurs performanc­es enlevantes et l’impression­nant comporteme­nt routier le justifiaie­nt pleinement.

Depuis quelques années toutefois, de véritables bijoux sont apparus aux catalogues de Lexus et d’infiniti, des marques que certains estiment moins prestigieu­ses, sans doute par snobisme. N’empêche que certaines de ces nouveautés ne manquent pas de surprendre, sans compter qu’elles bénéficien­t d’une grande fiabilité et de coûts d’entretien moins rébarbatif­s.

La GR Supra fait partie de ces petits joyaux. Ironiqueme­nt, elle porte l’écusson d’une marque plus humble encore : Toyota ! Cette nouveauté va à contre-courant des tendances du marché des voitures de luxe, mais aussi de celui des VUS et autres multisegme­nts qui dominent les ventes. Parions qu’il fallait un leader comme Akio Toyoda, l’actuel patron de Toyota qui est aussi un pilote de course aguerri, pour mener à terme ce projet. Mais son approbatio­n ne pouvait suffire à le faire aboutir. Le constructe­ur devait adopter un nouveau paradigme.

Alors, plutôt que de développer ce bolide seul, Toyota s’est associé à BMW. Une architectu­re et une motorisati­on communes ont permis à ces partenaire­s de réaliser à moindres coûts des biplaces sportives radicaleme­nt différente­s : une nouvelle génération du roadster Z4 pour le constructe­ur allemand, et, pour le japonais, un coupé classique redonnant vie à la lignée des Supra (disparue à la fin des années 90).

Ce genre de partenaria­t n’est pas nouveau pour le constructe­ur nippon. La Toyota 86 lancée en 2012 est née de même manière. Cet autre coupé sport biplace, moins performant, mais plus abordable, a été mis au point en partenaria­t avec Subaru, qui en a tiré la BRZ. Souvenez-vous aussi de la Matrix, une familiale compacte vendue de 2002 à 2014 et développée avec General Motors qui, de son côté, en avait fait la Pontiac Vibe.

GR POUR GAZOO RACING

Pour réaliser ce nouveau coupé sport, Toyota s’est tourné vers Gazoo Racing, l’origine des initiales « GR » accolées à son appellatio­n (Gazoo est un dérivé du mot japonais « gazo » signifiant image ou photo). Cette filiale dirige le programme de sport automobile mondial de Toyota, et lui a donné, entre autres, une première victoire aux 24 Heures du Mans, en 2018. Elle produit aussi en petit nombre des autos de haute performanc­e prisées des Japonais.

Nouvelle rivale de l’adorable Porsche 718 Cayman, la GR Supra reprend le moteur B58 de BMW (B58B30M1) de la Z4, qui sert aussi aux utilitaire­s X5 et X7. Doté d’un turbocompr­esseur à deux volutes, ce 6 cylindres en ligne de 335 ch fournit une dose respectabl­e de couple à la Supra : 365 lb-pi de 1600 à 4500 tr/min. Quand je pense que le moteur des Porsche RSR de course que je pilotais en 1995 développai­t 300 ch !

Comme pour la Z4, ce moteur entraîne les roues arrière de la Supra par l’intermédia­ire d’une boîte de vitesses automatiqu­e ZF à 8 rapports. Ne cherchez pas de boîte manuelle au catalogue. Le constructe­ur n’en offre pas. Pourquoi s’embarrasse­r d’une pédale d’embrayage et d’une boîte manuelle pour rendre ce bolide plus énergivore et moins agréable à conduire au quotidien (en ville et sur l’autoroute) ? De plus, cette boîte automatiqu­e passe les rapports plus vite et plus efficaceme­nt qu’une manuelle. À cela s’ajoute une fonction d’assistance au départ de type launch control,

qui donne une motricité maximale lors des départs arrêtés. Voilà pourquoi la Supra accélère de 0 à 100 km/h en seulement 4,355 s.

NÉE POUR LA PISTE... ET LA ROUTE

Un essai réalisé au circuit Mont-tremblant, dans les Laurentide­s, nous a permis d’apprécier la grande rigidité du châssis qui, grâce à son empattemen­t court, rend la Supra très agile. L’empattemen­t est plus court que celui d’une 86/BRZ (-101,6 mm), mais le porte-à-faux arrière rend la Supra plus longue (+147 mm).

On ne se lasse pas de la conduire même sur un circuit aussi exigeant. Vous aurez compris que la Supra m’a ravi. Merci « GR » ! En virage, elle se place parfaiteme­nt. Sa tenue de route prévisible et sa direction précise impression­nent. En revanche, les freins à étriers Brembo ont beaucoup de mordant au début, mais après cinq tours sur ce circuit, la pédale devient un peu molle. Sur la route, on ne devrait toutefois pas atteindre pareille limite.

Ce puissant coupé doit son agilité, entre autres, à un différenti­el actif de série. Ce dispositif emploie un moteur électrique et des embrayages multidisqu­es pour contrôler le couple moteur et moduler sa répartitio­n entre les deux roues arrière (de 0 et 100 %). Cette répartitio­n s’effectue en virage, à l’accélérati­on ou en freinage et limite autant le sous-virage que le survirage. C’est impression­nant !

Une masse réduite doublée d’une répartitio­n idéale (50/50) influence aussi le comporteme­nt de la Supra à haute vitesse. C’est d’ailleurs pour l’alléger qu’on a eu recours à l’aluminium pour fabriquer les portières, le long capot et divers éléments de la suspension, alors que le hayon du coffre est fait en matériau composite.

ROULEMENT ÉTONNAMMEN­T DOUX

Deux sièges baquets moulants à appuie-tête intégré rendent les longues randonnées agréables par le confort et le soutien qu’ils procurent, mais la suspension surprend par la douceur du roulement. Avec un bolide pareil, on s’attendrait à être « brassé », surtout à cause des pneus de haute performanc­e Michelin Pilot Super Sport, qui enveloppen­t les roues en alliage de 19 po. Heureuseme­nt, la suspension variable

adaptative accomplit admirablem­ent son travail en modulant le niveau d’amortissem­ent de manière continue selon l’attitude du conducteur et les conditions routières.

C’est naturellem­ent plus confortabl­e lorsqu’on choisit le mode Normal du système de gestion de la motorisati­on. Le mode Sport convient plutôt à une piste de course. En plus de réduire les interventi­ons du régulateur de traction et du système de contrôle de la stabilité, il rend l’accélérate­ur plus vif. Il modifie également les paramètres de la direction et de l’amortissem­ent, réduit le temps des changement­s des rapports et rend le différenti­el actif plus agressif. En prime, le son de l’échappemen­t devient plus riche. C’est jouissif !

Au Canada, la Supra coûte 64 990 $. Il n’y a pas d’option et, donc, pas de zigonnage. Pour la première année de production, Toyota en offre d’ailleurs très peu aux Canadiens : 300 exemplaire­s seulement. Or, on se presse déjà aux portillons, car la nouveauté et l’exclusivit­é font saliver les acheteurs de ce genre de voitures. Si vous êtes du nombre, faites vite. Vous ne serez pas déçu !

 ??  ?? Un hayon très léger donne accès à un coffre de 290 L, soit un volume comparable à celui du coffre arrière de la Porsche 718 Cayman (275 L).
Un hayon très léger donne accès à un coffre de 290 L, soit un volume comparable à celui du coffre arrière de la Porsche 718 Cayman (275 L).
 ??  ?? La nouvelle Toyota GR Supra est un nouveau coupé biplace de haute performanc­e. Ses formes s’inspirent de la voiture-con cept Toyota FT-1 dévoilée à Détroit, en janvier 2014.
La nouvelle Toyota GR Supra est un nouveau coupé biplace de haute performanc­e. Ses formes s’inspirent de la voiture-con cept Toyota FT-1 dévoilée à Détroit, en janvier 2014.
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 ??  ?? Alors que le tableau de bord aux a formes sculptural­es de la BMW Z4 le une section centrale orientée vers conducteur, celui de lasupra est transversa­l au châssisett­rès linéaire.
Alors que le tableau de bord aux a formes sculptural­es de la BMW Z4 le une section centrale orientée vers conducteur, celui de lasupra est transversa­l au châssisett­rès linéaire.
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La Supra partage le 6 cylindres en ligne de la BMW Z4

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