Le Journal de Quebec

Québec investit 25 millions $ dans la jeune firme Element AI

La start-up montréalai­se veut devenir un poids lourd de l’intelligen­ce artificiel­le

- SYLVAIN LAROCQUE

Le gouverneme­nt Legault mise 25 millions $ US sur l’entreprise montréalai­se Element AI, qui a l’ambition de devenir un leader mondial de l’intelligen­ce artificiel­le, mais qui n’a encore lancé aucun produit.

La firme « présente un intérêt économique important pour le Québec », peut-on lire dans le décret autorisant l’investisse­ment en capital-actions, publié récemment dans la Gazette officielle.

« Nous sommes honorés de la confiance que le gouverneme­nt du Québec place en Element AI », a réagi l’entreprise dans une déclaratio­n envoyée au Journal.

LA CAISSE AUSSI

Selon le Globe and Mail, l’investisse­ment de Québec s’inscrit dans une ronde de financemen­t de 100 à 250 M$ US à laquelle participe également la Caisse de dépôt et placement.

Element AI a été fondée à la fin de 2016 par plusieurs Québécois, dont le célèbre professeur Yoshua Bengio de l’université de Montréal, considéré comme l’un des pères de l’apprentiss­age profond. L’objectif : créer un champion canadien de l’intelligen­ce artificiel­le capable de rivaliser avec des géants américains comme Google et Facebook.

Lors de deux rondes menées en 2016 et en 2017, l’entreprise a recueilli 102 M$ US auprès d’investisse­urs comme Microsoft, Intel, Nvidia, la Banque Nationale, la Banque de développem­ent du Canada, Real Ventures et Fidelity Investment­s. Puis, en décembre 2018, Ottawa a prêté 5 M$ à Element AI.

Il s’agissait d’une récolte sans précédent dans le secteur naissant de l’intelligen­ce artificiel­le au Canada.

STRATÉGIE REMISE EN QUESTION

Des observateu­rs de l’industrie s’interrogen­t toutefois sur les perspectiv­es de succès d’element AI.

L’entreprise a embauché de nombreux chercheurs de haut niveau, mais ne commercial­ise toujours pas de produit permettant de générer des revenus récurrents.

« La feuille de route en matière de produits n’est pas claire, la seule chose qui est claire, c’est “embauchons autant de gens que nous le pouvons” », a récemment affirmé au Globe, sous le couvert de l’anonymat, un financier qui a songé à investir dans Element AI avant de se raviser.

Dans ses bureaux du quartier Mile-ex, l’entreprise emploie environ 500 personnes, dont une centaine de détenteurs d’un doctorat.

D’autres sources confidenti­elles ont confié au quotidien torontois que l’entreprise met plus de temps que prévu à développer des outils informatiq­ues pour la Banque Nationale, le Port de Montréal, l’institutio­n financière britanniqu­e HSBC et le fonds singapouri­en GIC.

Le PDG de l’entreprise, Jean-françois Gagné, assure toutefois qu’element AI lancera sept produits d’ici la fin janvier, dont trois avant la fin de l’été.

Au cours de son dernier exercice, qui a pris fin le 31 janvier, l’entreprise a affiché un chiffre d’affaires de moins de 10 M$, d’après des informatio­ns du Globe and Mail.

La majorité des revenus provient de services de consultati­on offerts à de grandes entreprise­s comme L’oréal, Hyundai, Maple Leaf et Barrick Gold.

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PHOTO D’ARCHIVES, TIRÉE DE TWITTER Le PDG et cofondateu­r d’element AI, Jean-françois Gagné, affirme que son entreprise lancera trois produits d’ici la fin de l’été.

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