Josée Legault et Jonathan Trudeau
Aux États-unis, la violence extrême ne prend pas de vacances. Les Américains sont armés jusqu’aux dents. Année après année, près de 40 000 d’entre eux en meurent. Les tueries de masse se comptent par centaines. Celles de Dayton et d’el Paso ne font pas exception. Chaque fois, le même rituel. Prières. Manifs pour un contrôle strict des armes. D’autres, bien plus nombreux, en profitent pour s’armer encore plus.
Sous Donald Trump, le carburant à la violence verbale ou physique n’a pas manqué. Dans cet empire parfois capable du meilleur, mais souvent détraqué socialement, économiquement et politiquement, Trump a libéré ses eaux boueuses : haine, racisme, misogynie, suprématie blanche, néonazisme, etc.
Les cibles ne manquent pas : Afro-américains, Hispaniques, féministes, Juifs, musulmans, immigrants, etc. Le port d’arme vu comme un droit fondamental fait le reste. La question qui tue : Donald Trump, par ses déclarations incendiaires répétitives et sa guerre ouverte aux médias d’information, en est-il LA cause ? Ou n’est-il que le reflet grossissant d’une nation profondément déréglée ?
NOURRIR LA PART HAINEUSE
La plate réalité est que les deux hypothèses se complètent. Bien avant Trump et depuis longtemps, la population et les élites américaines sont fortement polarisées entre un modernisme ouvert et une culture haineuse née de l’esclavagisme et du fondamentalisme chrétien.
Là où les Roosevelt, Kennedy et Obama ont tenté de renforcer la part moderne chez les Américains, Trump a choisi la part haineuse. Le vrai danger posé par le président Trump est là. Il est dans son hallucinante facilité à réveiller et soutenir les pires instincts possible au sein de sa base irrémédiablement blanche de même qu’à l’étranger.
D’où sa déclaration d’un vide sidéral faite hier à la suite des tueries de Dayton et d’el Paso. Il a certes prononcé les mots « suprématie blanche », mais il a surtout blâmé les « monstres tordus » atteints de maladie mentale, l’internet et les jeux vidéo. Dans un tweet, il avait même blâmé les médias.
BLABLA
Sur un contrôle vraiment plus serré des armes à feu : silence radio. Que du blabla. « La maladie mentale et la haine appuient sur la gâchette, a-t-il lancé sans rire, pas le fusil. » On le savait. Trump ne fera rien pour combattre la haine violente parce qu’il la nourrit luimême, qu’il lui doit son pouvoir et, qui sait, sa possible réélection. Il ne fera rien d’autant plus que dans ce pays, la violence et la haine, de toute manière, ne sont jamais très loin de la surface des choses.
Si puissant soit-il, l’empire américain est peut-être tout simplement irréformable. Pour une nation forgée dès sa genèse dans l’obsession de l’argent, l’individualisme maladif, le fondamentalisme chrétien, la haine contre les Noirs et les Autochtones — dont le sang a beaucoup coulé —, le supposé « American Dream » a souvent viré au cauchemar.
Sous Trump, la part sombre et violente inhérente à la société américaine est sûrement plus prononcée. Malheureusement, elle n’a rien de très nouveau.