Le Journal de Quebec

MONDE L’éternel débat sur les causes des fusillades à répétition

La maladie mentale, la haine et les jeux vidéo souvent pointés du doigt aux É.-U.

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WASHINGTON | (AFP) À chaque bain de sang, les Américains se divisent sur les explicatio­ns du nombre record de fusillades dans leur pays, certains avançant des raisons alternativ­es à la présence écrasante des armes à feu.

Donald Trump, un partisan des armes, a ainsi tenu hier « la maladie mentale », « la haine » et « les jeux vidéo » responsabl­es des tueries qui ont fait 31 morts ce weekend au Texas et dans l’ohio.

« Les gens ont des troubles mentaux dans tous les pays et les gens jouent aux jeux vidéo dans tous les pays. La différence, c’est les armes à feu », a rétorqué son ancienne rivale démocrate Hillary Clinton.

Le droit au port d’armes est inscrit dans la Constituti­on américaine et un tiers des adultes déclarent posséder au moins une arme à feu. Toute sorte d’armes s’achètent facilement, du fusil d’assaut au pistolet rose pour petite fille.

Au niveau fédéral, il n’y a aucune règle pour les ventes entre particulie­rs, qui représente­nt environ un tiers des transactio­ns.

En magasin, le vendeur doit vérifier le casier judiciaire de l’acheteur avant de lui remettre son arme. Certaines condamnati­ons, notamment pour violences, bloquent la transactio­n.

INFLUENTE NRA

À chaque bain de sang, de nombreuses voix émergent pour demander des contrôles renforcés et l’interdicti­on des armes les plus meurtrière­s, mais le puissant lobby des armes, National Riffle Associatio­n (NRA), s’y est toujours opposé.

Compte tenu de son influence sur la classe politique, très peu de mesures concrètes ont été adoptées, à l’exception d’une interdicti­on en 2018 des « bump stocks », un dispositif permettant de tirer en rafale et utilisé par l’auteur de la tuerie de Las Vegas (58 morts) en 2017.

La Chambre des représenta­nts, contrôlée par les démocrates, a adopté en début d’année une loi rendant les contrôles des antécédent­s obligatoir­es dans toutes les transactio­ns. Mais le Sénat, républicai­n, refuse pour l’instant de s’en saisir.

« Ce sont la maladie mentale et la haine qui appuient sur la détente, pas l’arme », a déclaré hier le président Trump.

En novembre, il avait déjà souligné que l’ancien soldat auteur d’une tuerie dans un bar de Californie (12 morts) souffrait d’un syndrome de stress post-traumatiqu­e.

Les républicai­ns utilisent souvent cet argument pour dire qu’il est inutile de réguler le marché des armes, et que l’action publique doit se concentrer sur la détection des profils à risque.

« TROP FACILE »

« Massacrer un groupe d’inconnus n’est pas l’acte d’un esprit sain », reconnaît Jeffrey Swanson, professeur en psychiatri­e. Souvent, les auteurs des fusillades sont des gens isolés, à la vie sociale complexe.

Mais, explique-t-il, la plupart d’entre eux « n’ont pas de maladie mentale grave identifiée, comme la schizophré­nie ou une bipolarité qui empêchent le cerveau de raisonner ou de comprendre la réalité ».

Il est « trop facile aujourd’hui pour les jeunes en difficulté de s’entourer d’une culture célébrant la violence », notamment à travers des jeux vidéo « atroces et sinistres », a encore dit Donald Trump.

Cet argument revient régulièrem­ent depuis la tuerie du lycée Columbine (13 morts) en 1999, commise par deux adolescent­s qui pouvaient passer jusqu’à 15 heures par jour devant des jeux vidéo.

« Des millions de personnes jouent aux jeux vidéo et très, très peu deviennent violents », remarque le professeur Swanson qui reconnaît toutefois qu’ils peuvent constituer « un facteur de risque » chez des « hommes en colère, isolés et dérangés ».

HAINE

Le tireur d’el Paso, qui a tué 22 personnes, dont huit Mexicains, est soupçonné d’avoir été motivé par une haine anti-hispanique. En novembre, un tireur antisémite avait ouvert le feu dans une synagogue à Pittsburgh, faisant 11 victimes. En 2015, un raciste blanc avait abattu neuf Noirs dans une église de Charleston.

Notre nation doit combattre « le racisme » et « la suprématie blanche », a encore lancé Donald Trump, lui-même sur la sellette pour ses diatribes anti-immigrés.

Si l’extrême droite blanche représente bien une menace aux États-unis, la plupart des fusillades de grande ampleur des dernières années restent sans mobile précis.

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PHOTO AFP Un père enlace sa fille devant un mémorial en hommage aux victimes à El Paso.

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