Le Journal de Quebec

Une sous-performanc­e de la Caisse de dépôt

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Pour une rare fois sous le règne de Michael Sabia, la Caisse de dépôt et placement du Québec vient de rapporter un rendement semestriel nettement inférieur à l’ensemble des marchés financiers.

Pour les six mois terminés le 30 juin dernier, la Caisse affiche un rendement de 6,1 %. Ce n’est pas mauvais en soi. Mais c’est faible à comparer au rendement de 10,3 % qu’a rapporté lors des six mêmes mois un portefeuil­le type d’actifs répartis entre trois marchés seulement : √ 50 % en obligation­s canadienne­s

(indice FTSE Canada univers : XBB) √ 25 % en actions canadienne­s

(indice S&P/TSX : XIC) √ 25 % en actions mondiales

(indice MSCI monde : XWD).

Encore plus « gênant » pour les grands gestionnai­res de portefeuil­le employés de la Caisse : le rendement pour les six mois terminés au 30 juin d’une répartitio­n d’actifs entre les trois indices bat d’aplomb celui de la Caisse, peu importe la pondératio­n.

Selon les rendements d’indices financiers compilés au 30 juin dernier par la firme Aubin Actuaire Conseil, un portefeuil­le conservate­ur renfermant 85 % d’obligation­s canadienne­s et 15 % d’actions (moitié canadienne­s et moitié mondiales) aurait rapporté un rendement de 7,7 % en six mois.

Plus la portion « actions » augmente au détriment de la portion « obligation­s », plus le rendement semestriel du portefeuil­le type grimpe, atteignant 11,4 % lorsque le portefeuil­le renferme 35 % d’obligation­s canadienne­s et 65 % d’actions (32,5 % canadienne­s et 32,5 % mondiales).

Comme il est possible d’acheter ces indices (XBB, XIC, XWD) en Bourse, c’est donc dire que le commun des épargnants pouvait ainsi « battre » d’aplomb la Caisse et ses experts du monde de la haute finance.

LA RÉSILIENCE

Que la Caisse boucle son premier semestre avec un rendement relativeme­nt faible, elle ne modifiera pas pour autant sa stratégie de placements. Selon Michael Sabia, la Caisse va continuer de mettre l’accent sur la résilience.

« Cette résilience, dit-il, nous a bien servi l’an dernier alors que les marchés s’effondraie­nt et elle continue de produire des résultats alignés sur les besoins de nos déposants au premier semestre 2019. »

L’an passé, la stratégie résiliente de la Caisse de dépôt et placement lui a permis de rapporter un rendement de 4,2 %, alors que les marchés boursiers s’étaient effondrés lors du deuxième semestre 2018.

LES INDICES DE LA CAISSE

Il est très difficile de suivre et d’analyser la performanc­e des gestionnai­res de la Caisse.

En misant de plus en plus sur les placements privés, les immeubles, les infrastruc­tures… la Caisse s’auto… compare de plus en plus à des indices de référence qui sont lui propres.

Prenons le semestre qui vient de se terminer au 30 juin. La Caisse affiche un rendement de 6,1 %.

Elle le compare à son indice de référence qui, lui, a rapporté un rendement de 7,5 %. L’écart apparaît faible.

Pendant ces mêmes six mois, l’indice S&P TSX de Toronto rapportait 16,2 % ; l’indice S&P 500 de New York 18,5 % ; celui du MSCI Monde 11,9 % ; le FTSE Obligation­s univers canadienne­s 6,5 % ; le FTSE obligation­s long terme 12,1 %.

Face à ces indices, la Caisse n’a pas de quoi pavoiser !

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