Le Journal de Quebec

Quand ton passé de merde cesse enfin de ruiner ta vie

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Les propos de Michel qui vous racontait les malheurs qui avaient jalonné sa vie m’ont touchée. Enfance difficile dans une famille dysfonctio­nnelle, consommati­on de drogue et d’alcool, mère perverse qui l’a laissé sans soutien toute son enfance, mais qu’il a tenu à aider jusqu’à son décès en février 2019, sans parler de ses deux mariages ratés.

Une vie de merde à la suite de laquelle sa propre mère l’a déshérité au profit de ses frères même si c’était lui qui avait toujours été le plus serviable et le plus fidèle à prendre soin d’elle. Ayant vécu à peu près la même chose, je me sens en mesure de lui donner ma recette pour récupérer ma vie, d’autant plus à cause d’une phrase de votre réponse qui disait ceci « Ne croyezvous pas venu le temps de faire une croix sur un passé auquel vous ne pouvez rien changer et de refuser consciemme­nt qu’il continue de vous affecter ? »

Je fus la bonne à tout faire de mes parents pendant 38 ans. Je les ai entretenus, lavés, torchés, langés, etc. Je suis restée vieille fille, pour leur donner la chance de ne pas avoir à casser maison avec l’âge. À part mon travail de préposée aux bénéficiai­res, tout le restant de ma vie leur était consacré, pendant que mes deux frères, ma soeur et leurs conjoints respectifs se contentaie­nt de les visiter quelques fois par année pour s’assurer de leur héritage.

Et puis, mon père en premier, ils sont décédés à deux ans d’intervalle. C’est alors que ma mère m’a fait l’outrage de demander à mon frère le plus vieux de gérer ses affaires financière­s. Selon elle, une femme n’avait pas les nerfs assez solides pour s’occuper de ça.

Puis elle est morte, non sans avoir refait son testament pour séparer la maison et ses biens en quatre parts égales. Mon frère a vendu la maison et j’ai dû partir vivre seule en logement après autant d’années de dévouement envers des parents qui m’ont lésée sur toute la ligne. Leur promesse de me laisser leur maison pour me remercier des services rendus s’était envolée.

Après un an passé à pleurer et à me lamenter sur la méchanceté du monde, en particulie­r de mes parents, j’ai choisi volontaire­ment à 62 ans d’investir dans une thérapie pour me bâtir une identité dont je puisse être fière. Et en trois ans, je suis devenue une femme à part entière. J’ai fait la rencontre d’un homme doux qui aime la vieille personne que je suis et avec qui je me suis installée à la campagne. Et je ne vois ni ma soeur ni mes frères pour ne rien troubler de la paix que j’ai installée dans ma vie. J’espère que Michel aura envie de faire comme moi en vidant sa vieille valise pour la remplir de nouvelles choses tellement plus intéressan­tes.

A.B.

Que le bonheur continue de vous accompagne­r, vous le méritez amplement ! Pour ce que vous avez sacrifié à vos parents dans le passé, mais surtout pour avoir décidé de vous faire ce si beau cadeau d’une thérapie.

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