Le Journal de Quebec

Cher$ stationnem­ents d’hôpitaux

- RÉMI NADEAU Chef du Bureau parlementa­ire à Qiuébec

Le gouverneme­nt Legault aurait avantage à presser le pas pour concrétise­r sa promesse populaire de réduction du coût de stationnem­ent des hôpitaux. Mais il se retrouve avec un casse-tête beaucoup plus onéreux que ce qu’il avait cru.

Alors dans l’opposition, le député François Paradis martelait qu’il fallait rendre gratuites les deux premières heures de stationnem­ent pour les gens se rendant dans les établissem­ents de santé et limiter ensuite le coût maximum pour une journée de 7 $ à 10 $.

La CAQ en a fait un engagement formel en campagne électorale. Pourtant, cette promesse ne figure nulle part dans le cadre financier du parti, que François Legault a décrit hier comme sa « bible ».

Or, maintenant au pouvoir, le parti a été refroidi par des évaluation­s qui lui ont été fournies. Selon nos informatio­ns, la somme nécessaire pour compenser les hôpitaux et les fondations s’élèverait à 100 millions $ annuelleme­nt.

C’est exactement ce que le PLQ avait inscrit, lui, dans son cadre financier.

La ministre Danielle Mccann, en mission pour améliorer l’accès aux soins en première ligne, n’aurait pas l’intention de laisser une somme de cette ampleur être puisée dans l’enveloppe de la santé, selon ce qu’il a été possible d’apprendre.

Le gouverneme­nt veut bien réaliser une importante promesse électorale, mais couper dans les soins pour le faire, c’est non.

Chaque jour qui passe, des citoyens ont la désagréabl­e impression de payer une taxe déguisée et injuste.

SOLUTION RECHERCHÉE

Il faut donc que l’argent soit trouvé ailleurs dans l’appareil gouverneme­ntal.

C’est au Trésor et aux Finances que la commande a été passée d’identifier une solution.

Des échanges sont en cours avec les établissem­ents pour évaluer des façons de faire. L’existence de différents modèles de gestion de ces stationnem­ents complexifi­e la tâche. De plus, en milieu urbain, la crainte que des opportunis­tes bougons se stationnen­t sur les terrains des établissem­ents pour aller magasiner persiste.

Pourtant, les centres hospitalie­rs emploient déjà des gardiens qui surveillen­t aussi leurs stationnem­ents. Les administra­teurs se servent de cet argument pour justifier le coût parfois exorbitant exigé des usagers. Il y a l’entretien, le déneigemen­t, la surveillan­ce, le coup de pouce aux fondations…

Résultat, au centre de santé universita­ire Mcgill, par exemple, il faut débourser 24 $ pour se stationner pendant plus de quatre heures.

Des hôpitaux ont même augmenté leur tarif déjà élevé, en début d’année. En attendant mieux, Danielle Mccann a alors demandé à son sous-ministre d’envoyer une directive de gel, en avril, à l’ensemble des établissem­ents du réseau.

LES LESSIVÉS

Épisodique­ment, des couples, des familles, se confient dans les médias. Des fortunes sont déboursées pour aller voir leur enfant hospitalis­é en néonatalit­é pendant des semaines. Des malades sont lessivés chaque jour alors qu’ils doivent recevoir des traitement­s. Être obligé de payer de la sorte quand on est affligé, ça se digère mal.

C’est comme recevoir une taloche derrière la tête alors qu’on a déjà un genou au sol. C’est la prime « citron pressé ».

L’an dernier, il y a eu accalmie, probableme­nt parce que la population était rassurée par l’engagement caquiste. Mais le gouverneme­nt n’ayant pas encore bougé, un an après l’élection, les témoignage­s ont repris, comme une tradition saisonnièr­e. La CAQ n’avait pas fixé d’échéancier pour son engagement. Néanmoins, chaque jour qui passe, des citoyens ont la désagréabl­e impression de payer une taxe déguisée et injuste.

SILENCE RADIO

François Legault tape du pied pour que son équipe livre ses promesses. Dans ce cas-ci, il s’agit d’un enjeu névralgiqu­e. Parce qu’il touche le portefeuil­le du monde « ben ordinaire ». À l’interne, on reconnaît avoir « cogné là-dessus dans l’opposition parce qu’on savait que c’était une corde sensible ».

Au caucus de la rentrée de la CAQ, François Legault a répété ses engagement­s de réduction du fardeau fiscal : baisse de taxe scolaire, hausse de l’allocation familiale, retour au tarif unique de garderie. Silence radio pour les stationnem­ents.

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