Trudeau se donne le droit d’intervenir sur la laïcité
Il a fait cette déclaration dans un bastion caquiste qui tient à cette loi
OTTAWA | Justin Trudeau a ouvert la voie plus clairement à une intervention du fédéral pour contester la loi québécoise sur la laïcité, alors qu’il mettait le pied au Québec pour lancer sa campagne électorale.
Pour lui, il serait « irresponsable » d’agir autrement.
« Nous ne fermons pas la porte à une intervention éventuelle parce que ce serait irresponsable qu’un gouvernement fédéral choisisse [d’écarter cette possibilité] à tout jamais », a dit le premier ministre hier, à Trois-rivières.
Au provincial, cette circonscription est détenue par la CAQ, dont l’électorat appuie fortement la loi 21 sur l’interdiction de port de signes religieux.
Dans les jours précédents, M. Trudeau s’en était tenu à dire qu’il juge qu’une intervention d’ottawa serait « contre-productive pour l’instant ».
JOUEUR D’ÉQUIPE
L’ex-péquiste et candidat de l’équipe Trudeau dans Longueuil–saint-hubert, Réjean Hébert, a prêté main-forte au premier ministre plus tard dans la journée.
« Quand je suis allé au gouvernement de Mme Marois, j’ai embrassé l’ensemble des positions du parti », a-t-il dit en faisant référence à la Charte des valeurs québécoises.
« J’ai été un joueur d’équipe. Je vais continuer à faire la même chose en 2019 et j’adhère à la position du Parti libéral », a-t-il ajouté.
La façon dont M. Trudeau joue d’ambiguïté sur ce dossier est comparable au flou que maintient le chef conservateur Andrew Scheer sur la question de l’avortement, de l’avis du constitutionnaliste Patrick Taillon.
Rappelons que M. Scheer est un fervent catholique qui a des réticences face à l’avortement.
La déclaration du premier ministre a peut-être été plus claire, hier, que celle qu’il avait d’abord formulée au jour un de la campagne. Il reste que celle-ci n’a pas éclipsé des questions en suspens.
On ne sait toujours pas, par exemple, si M. Trudeau veut attendre que le cas de la loi 21 se trouve entre les mains de la Cour suprême du Canada pour intervenir ou s’il se garde tout simplement cette avenue pour le lendemain de sa possible réélection.