Revenu Québec recherche désespérément des informaticiens
Une centaine de postes de spécialistes en cybersécurité ont été affichés
Victime récemment d’importantes attaques informatiques, Revenu Québec est maintenant à la recherche d’une centaine de spécialistes en cybersécurité, a appris Le Journal.
Au cours des derniers jours, plus d’une centaine de postes en informatique ont été affichés.
Le fisc québécois recrute notamment des analystes-développeurs, des conseillers en architecture de sécurité, des conseillers en sécurité informatique, des administrateurs de données, des contrôleurs de projets et des pilotes de systèmes, etc.
Les postes, de 19 spécialités différentes en informatique, sont offerts au siège social de l’agence du revenu sur la rue Marly, à Québec, et à Sherbrooke.
200 MILLIONS $
« Nous avons plusieurs projets d’envergure en technologie de l’information (TI) à mener à terme », a indiqué une porte-parole de Revenu Québec, Geneviève Laurier, ajoutant que la pénurie de travailleurs spécialisés en informatique avait également ses effets.
Revenu Québec dit investir tout près de 200 millions $ chaque année dans l’entretien, l’exploitation et le développement de ses systèmes informatiques.
Lui-même un spécialiste en cybersécurité, Steve Waterhouse s’est dit surpris par la quantité d’informaticiens actuellement recherchés par Revenu Québec.
« Ils sont clairement en mode réaction. Ils devront en faire beaucoup pour ramener à l’interne une expertise informatique qu’ils ont perdue », a-t-il souligné, alors que l’agence du revenu a multiplié le recours à la sous-traitance ces dernières années.
Selon ce dernier, les salaires offerts « demeurent également préoccupants », alors qu’ils sont loin de répondre à la demande du marché. Dans les postes affichés, les salaires varient selon les échelons de 43 151 $ à 79 685 $.
« Sous les 100 000 $, dans la spécialité des gens qu’ils recherchent, ils auront beaucoup de difficultés à recruter. Tout le monde s’arrache actuellement les spécialistes en cybersécurité », estime M. Waterhouse.
Au Syndicat des professionnels du gouvernement du Québec (SPGQ), qui représente plus de 5000 employés de l’agence du revenu, on soutient qu’au moins une centaine de postes sont disponibles.
« On doute toutefois que Revenu Québec puisse arriver à totalement combler ses besoins, notamment en raison des salaires peu compétitifs avec le secteur privé », rappelle la présidente du SPGQ, Line Lamarre.
DES ATTAQUES CIBLÉES
Comme le rappelait Le Journal le mois dernier, Revenu Québec a été la cible de cyberattaques de grande ampleur. Au moins trois tentatives d’intrusion dans les serveurs informatiques du fisc québécois ont été observées au cours des derniers mois.
Revenu Québec est sur le qui-vive depuis l’annonce, le 7 août dernier, d’une importante fuite interne de données personnelles concernant 23 000 de ses travailleurs actuels et passés.
Une employée de Revenu Québec a transféré en dehors de son lieu de travail les renseignements de ces milliers de personnes, soit leurs nom, prénom et numéro d’assurance sociale pour la plupart.
Depuis l’arrestation de la haute dirigeante Meng Wanzhou de la multinationale chinoise Huawei à Vancouver, le 5 décembre dernier, les attaques informatiques contre les intérêts canadiens sont en nette progression.