Le Journal de Quebec

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Le DPCP et le Procureur général du Québec ont déposé leur mémoire d’appel hier

- NICOLAS SAILLANT

Le juge François Huot fait face à un barrage de critiques du DPCP et du Procureur général du Québec dans leur mémoire d’appel, sept mois après avoir imposé une sentence de 40 ans de prison ferme au tueur de la mosquée de Québec.

En février dernier, le juge de la Cour supérieure François Huot avait lu pendant cinq heures une décision étoffée de 259 pages afin d’expliquer pourquoi il en venait à imposer une peine de prison à perpétuité sans possibilit­é de libération avant 40 ans à Alexandre Bissonnett­e.

Quelques mois plus tard, tant la Couronne que la défense avaient annoncé qu’elles contestaie­nt la peine.

Hier, le Directeur des poursuites criminelle­s et pénales (DPCP) ainsi que le Procureur général du Québec ont remis leur mémoire d’appel. Les avocats de Bissonnett­e, qui contestent également la peine, déposeront leur mémoire lundi.

Dans son mémoire, le DPCP soutient que le juge de première instance invoque « une sorte de compassion » à l’endroit du tueur. Il évoque notamment le nombre de circonstan­ces atténuante­s pris en compte, neuf, tout autant que le nombre de circonstan­ces aggravante­s.

Le juge aurait omis de « considérer les mensonges, stratégies et manipulati­ons de [Bissonnett­e] décelés par les experts et avoués par lui ».

PEINE TROP CLÉMENTE, SELON LE DPCP

La peine de 40 ans est aussi trop clémente selon le DPCP en raison de « la primauté qu’il [le juge] accorde à la protection de l’espoir ».

Ainsi la peine telle que formulée par le juge Huot, est « un escompte de volume à l’auteur de meurtres multiples ».

Le DPCP conclut « qu’il ne s’agit nullement de réclamer vengeance, mais simplement d’obtenir un juste châtiment ».

Pour sa part, le Procureur général du Québec (PGQ) n’est pas moins sévère envers la décision du juge, parlant de « prémisses erronées ». « L’analyse effectuée par le juge de première instance est viciée dans ses fondements ».

BLOCS DE 25 ANS

Selon le PGQ, le juge avait le pouvoir « discrétion­naire nécessaire afin d’ordonner ou non le cumul de périodes d’inadmissib­ilité », et ce, par tranche de 25 ans.

À l’inverse, le choix d’imposer une peine de 40 ans ferme résulte d’un « calcul mathématiq­ue » basé sur l’espérance de vie, ce qui est contraire à la jurisprude­nce.

Lors de leur demande d’appel, le PGQ et le DPCP estimaient qu’une peine de 50 ans ferme, soit deux périodes d’inadmissib­ilité de 25 ans à une libération, serait appropriée. Ainsi l’article 745.51, tel que formulé, respectera­it la constituti­on.

Le juge Huot avait quant à lui réécrit cet article du Code criminel qu’il estimait inconstitu­tionnel.

Les parties se présentero­nt devant la Cour d’appel en janvier pour faire valoir leurs points.

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES ANNIE T. ROUSSEL ET FACEBOOK ?? Alexandre Bissonnett­e a été condamné à une peine de prison à perpétuité sans possibilit­é de libération avant 40 ans pour avoir tué six hommes à la grande mosquée de Québec, le 29 janvier 2017. La peine est maintenant contestée en Cour d’appel par les deux parties.
PHOTOS D’ARCHIVES ANNIE T. ROUSSEL ET FACEBOOK Alexandre Bissonnett­e a été condamné à une peine de prison à perpétuité sans possibilit­é de libération avant 40 ans pour avoir tué six hommes à la grande mosquée de Québec, le 29 janvier 2017. La peine est maintenant contestée en Cour d’appel par les deux parties.

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