L’administration Trump mise à rude épreuve
Les attaques de la fin de semaine sur des installations pétrolières saoudiennes confrontent Donald Trump à la première crise internationale majeure de sa présidence qu’il n’a pas créée lui-même. Plusieurs indices permettent de douter de sa capacité de gérer cette crise.
Les tensions politiques sont toujours présentes au MoyenOrient, mais les attaques de provenance encore incertaine qui ont touché environ 6 % des approvisionnements globaux mondiaux de pétrole sont dans une catégorie à part. Une confrontation armée ouverte entre l’iran et l’arabie saoudite a rarement semblé si proche.
Les États-unis parviendront-ils à agir correctement pour éviter le pire et ouvrir la voie à une stabilisation de la situation ?
C’est ce qu’on va voir, mais le moins qu’on puisse dire est que l’administration Trump est mal préparée face à cette crise.
CHAOS ET DÉSORGANISATION
Alors que les premiers rapports de l’attaque émergeaient, Donald Trump, fidèle à ses habitudes, déclenchait une salve de tweets. À son crédit, il faut dire qu’une de ses premières annonces, celle de rendre disponible la réserve stratégique américaine de pétrole pour contrer la pénurie grave, était tout à fait appropriée. Les choses se sont ensuite empirées.
Dans un tweet bizarre, le président affirmait que ses troupes étaient sur le pied de guerre ( locked and loaded) et qu’il attendait le signal du « royaume » pour déterminer la réponse américaine. Peu de temps après, le président réitérait sa disponibilité à assister le régime saoudien puisque ce dernier est toujours prêt à payer comptant pour l’assistance militaire, comme s’il s’agissait d’un racket de protection.
Du point de vue des capacités organisationnelles de la Maison-blanche, cette crise ne pouvait pas tomber plus mal. Alors que plusieurs postes clés de la diplomatie et de la défense sont vacants ou en transition, le conseiller à la sécurité nationale, nommé en catastrophe hier, hérite d’une équipe décimée.
CRÉDIBILITÉ COMPROMISE
Ce qui encore plus préoccupant est la perte presque totale de crédibilité internationale de l’administration Trump. Le scepticisme des ennemis potentiels des États-unis devant les menaces émises par Donald Trump n’a d’égal que le manque de confiance de ses alliés quant à la solidité de ses engagements.
Le manque de confiance envers les capacités de gestion de crise du président américain s’est fait sentir lorsque ses appels au calme ont été perçus par les marchés mondiaux comme autant de raisons d’appuyer sur le bouton de panique.
UN AVENIR FLOU
Il n’y a pas nécessairement lieu de mettre en doute la volonté du président Trump d’éviter d’embourber son pays dans un nouveau conflit armé de grande envergure, mais il n’est pas clair qu’il ait en tête un plan réaliste pour stabiliser la situation.
Comme les attentes à l’endroit de Donald Trump sont toujours minimales, il parviendra peut-être à les satisfaire si une conflagration est évitée dans l’année qui vient, mais il serait étonnant qu’il parvienne à mettre en place les conditions d’une réelle stabilisation dans la région.