Engouement jamais vu au Québec
Des experts s’attendent à une mobilisation massive à l’occasion de la Marche pour le climat aujourd’hui
Plusieurs experts et intervenants des enjeux climatiques s’attendent aujourd’hui à une mobilisation jamais vue dans la province pour une manifestation environnementale.
Le professeur à l’université Laval et expert en politiques climatiques Alexandre Gajevic Sayegh ne se souvient pas avoir vu un tel engouement pour la question climatique au Québec.
« Montréal a déjà eu de grandes marches pour le climat. […] Par contre, j’ai l’anticipation que vendredi [aujourd’hui], ce sera plus grand que ce qu’on n’a jamais vu », lance-t-il.
M. Gajevic Sayegh se réjouit de cette pression qui force les grands partis politiques à se prononcer sur les changements climatiques.
« Pour la première fois, on va avoir les changements climatiques comme un point central d’une campagne électorale. On a l’impression qu’on pourra finalement avoir des engagements clairs des partis », fait remarquer le chercheur.
UN AVANT ET UN APRÈS ?
« C’est une mobilisation historique ! Il y aura un avant et un après le 27 septembre », a lancé pour sa part Patrick Bonin, porte-parole de Greenpeace Canada.
« Tout le monde se réveille au Québec », ajoute-t-il, confiant que la vague ne s’arrêtera pas après cette mobilisation.
Cette motivation soudaine des Québécois s’explique par les récents rapports scientifiques « dévastateurs », croit de son côté Diego Creimer, porte-parole de la Fondation Suzuki.
Rappelons que la mobilisation dans la province culminera à 17 h, avec un discours que doit prononcer Greta Thunberg à Montréal. La jeune activiste suédoise est arrivée dans la métropole hier en début de soirée.
LA TAXE CARBONE : LA CLÉ
Et les engagements des partis, maintenant, que doivent-ils être pour que le Canada fasse une réelle différence, comme le demandent les manifestants ?
La première cible du professeur Alexandre Gajevic Sayegh serait la taxation du carbone. Les effets de cette initiative pourraient être décuplés, vu les sommes récupérées et éventuellement réinvesties dans la lutte climatique.
« La population doit comprendre que ce n’est pas une mesure suffisante pour tout régler, mais que c’est une mesure nécessaire », insiste M. Gajevic Sayegh, qui appuie la recommandation des chercheurs d’atteindre la cible de zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050.
Ce dernier propose aussi l’implantation de programmes d’accompagnement des travailleurs qui quitteraient les industries polluantes en changement. Il insiste sur le fait que le pays entier subira les impacts et que l’on doit vivre le virage ensemble.
« Il faut arrêter d’opposer Le Plateau-montRoyal à l’alberta. On est tous dans le même bateau et les gens du Plateau doivent voter pour des mesures qui prendront soin des travailleurs de l’alberta. On doit réduire les tensions [...] La transition doit être juste », martèle l’expert. — Avec la collaboration de Jonathan Tremblay