Pas de menottes pour Franco Fava
L’ex-collecteur de fonds du PLQ s’attendait pourtant à se faire arrêter
Un des principaux suspects dans une retentissante affaire de fraude immobilière alléguée, l’ancien collecteur de fonds libéral Franco Fava, s’attendait déjà, il y a quatre ans, à se retrouver « les menottes » aux poignets.
L’unité permanente anticorruption (UPAC) a entre les mains des informations démontrant que Franco Fava s’attendait, en 2015, à être arrêté.
« Au pire, c’est moi qui serai accusé. C’est du criminel, les menottes dans le dos avec un esti de show médiatique. Au pire, je paierai de l’impôt », affirmait-il à d’autres suspects avec qui il était attablé dans un restaurant de Québec.
Tous étaient ciblés par le projet policier Justesse. Cette enquête, amorcée en 2011, s’est penchée sur des transactions immobilières douteuses faites en 2004 et en 2007 par la Société immobilière du Québec (SIQ).
M. Fava et deux autres ex-organisateurs du Parti libéral du Québec, William Bartlett et Charles Rondeau, sont au nombre des suspects, tout comme l’ex-patron de la SIQ, Marc-andré Fortier.
L’UPAC croit qu’ils ont commis une fraude qui leur a permis d’empocher des commissions secrètes de plus de 2 millions $ « dans le cadre de la vente de bâtisses et de locations à long terme ».
Les confidences de M. Fava à ses proches sont révélées dans le livre PLQ inc. de notre Bureau d’enquête, en librairie depuis le début de la semaine.
DES PRÉCAUTIONS
Rendu public pour la première fois par un reportage de Radio-canada diffusé en novembre 2016, le travail des enquêteurs dans ce dossier était déjà connu des principaux suspects.
Dès mai 2015, M. Fava et M. Bartlett multipliaient les précautions pour éviter les oreilles indiscrètes quand ils se rencontraient. À au moins une occasion, ils ont notamment choisi de se réfugier sur les verts d’un terrain de golf.
M. Fava aurait également tenté de faire disparaître des traces de transactions sur un compte en Autriche, où les policiers croient que les suspects ont caché des commissions secrètes.
L’UPAC dispose de documents montrant d’ailleurs qu’il voulait se rendre à Vienne, avec M. Rondeau, pour fermer des comptes bancaires, à la fin de l’été 2015.
En novembre 2016, au moment de la diffusion du reportage de Radio-canada à leur sujet, trois des quatre principaux suspects avaient nié toute malversation. M. Rondeau était le seul à ne pas avoir émis de commentaire.
À L’HÔPITAL
Dans une entrevue au Bureau d’enquête au cours des dernières semaines, M. Rondeau a brièvement réagi aux allégations concernant les commissions secrètes.
« Je n’ai pas reçu d’argent », a-t-il dit, en ajoutant ne pas avoir rencontré d’enquêteurs de L’UPAC.
M. Rondeau a confié avoir des ennuis de santé.
« Je suis en examen, je sors de l’hôpital, j’y retourne la semaine prochaine », a-t-il dit.
Jusqu’ici, aucun des suspects n’a été arrêté. L’an dernier, notre Bureau d’enquête a révélé que les policiers avaient dû reporter trois fois la date prévue pour procéder à des arrestations.
Les autorités attribuaient ces reports à un manque de collaboration de la justice. La direction de l’ UPAC avait ensuite admis que l’échéancier avait été « modifié », tout en niant un report des arrestations.