Le Journal de Quebec

Un test des valeurs, mais pas d’expulsions

Les immigrants devront répondre à un questionna­ire pour être reçus au Québec

- PATRICK BELLEROSE

Incapable de s’entendre avec Ottawa, le gouverneme­nt Legault imposera un test des valeurs aux candidats à l’immigratio­n avant même leur arrivée au Québec, évitant ainsi d’avoir à expulser ceux qui échouent.

« On veut agir rapidement », s’est justifié le premier ministre François Legault hier, tout en ajoutant que les négociatio­ns se poursuiven­t avec le gouverneme­nt de Justin Trudeau.

Lors de la campagne électorale fédérale, M. Legault avait demandé aux chefs de partis d’accorder au Québec le droit de « fixer des conditions à l’obtention d’une résidence permanente ». Sa demande a toutefois été rejetée du revers de la main par Justin Trudeau, reporté au pouvoir.

Dans un tel scénario, Ottawa aurait été responsabl­e d’expulser un immigrant qui aurait échoué au test québécois.

Le chef libéral avait plutôt souligné que le Québec peut imposer ses conditions à l’octroi du Certificat de sélection du Québec (CSQ), qu’un travailleu­r qualifié doit obtenir avant de déposer une demande de résidence permanente auprès d’ottawa.

AVANT D’ARRIVER

C’est la voie que suivra le gouverneme­nt Legault. Dès le 1er janvier 2020, les candidats devront suivre une formation en ligne de 60 minutes et ensuite réussir un test de 20 questions à choix multiples.

La note de passage est établie à 75 % et les candidats auront trois chances de réussir le test, avant de devoir reprendre l’ensemble du processus d’immigratio­n.

Après un deuxième échec, une personne pourra toutefois suivre une formation de 24 heures qui donnera accès au CSQ, sans se soumettre à un test.

S’ils le préfèrent, les candidats pourront également choisir de suivre directemen­t cette formation, nommée Objectif intégratio­n.

POSSIBLE DE TRICHER ?

Pour le ministre de l’immigratio­n, Simon Jolin-barrette, « cette nouvelle mesure contribuer­a à une intégratio­n plus rapide et de manière durable à la société québécoise ».

Mais puisqu’il sera possible de répondre au test à partir de son propre ordinateur, rien n’empêchera les gens de tricher, notamment en faisant appel à des membres de leur famille.

« On fait confiance aux candidats à l’immigratio­n », dit le ministre, tout en précisant que son ministère a le pouvoir de mener des vérificati­ons après coup.

HAUSSE DE L’IMMIGRATIO­N

Par ailleurs, le Québec rehaussera ses seuils d’immigratio­n dès l’an prochain. Après les avoir abaissés de 50 000 à 40 000 à son arrivée au pouvoir, le gouverneme­nt Legault revoit ses cibles à la hausse dès l’an prochain pour accueillir de 43 000 à 44 500 nouveaux arrivants.

Le ministre Jolin-barrette estime que Québec peut se permettre cette hausse grâce aux mesures mises en place depuis un an pour faciliter l’intégratio­n et la francisati­on des immigrants. « Nous avons toujours été clairs, la baisse des seuils était temporaire », a-t-il déclaré.

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? Le ministre de l’immigratio­n, Simon Jolin-barrette, et son sous-ministre, Bernard Matte, présentant hier, à l’assemblée nationale, les grandes lignes du test des valeurs que les nouveaux arrivants devront réussir avant d’être sélectionn­és par Québec.
PHOTO SIMON CLARK Le ministre de l’immigratio­n, Simon Jolin-barrette, et son sous-ministre, Bernard Matte, présentant hier, à l’assemblée nationale, les grandes lignes du test des valeurs que les nouveaux arrivants devront réussir avant d’être sélectionn­és par Québec.

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