Un test des valeurs, mais pas d’expulsions
Les immigrants devront répondre à un questionnaire pour être reçus au Québec
Incapable de s’entendre avec Ottawa, le gouvernement Legault imposera un test des valeurs aux candidats à l’immigration avant même leur arrivée au Québec, évitant ainsi d’avoir à expulser ceux qui échouent.
« On veut agir rapidement », s’est justifié le premier ministre François Legault hier, tout en ajoutant que les négociations se poursuivent avec le gouvernement de Justin Trudeau.
Lors de la campagne électorale fédérale, M. Legault avait demandé aux chefs de partis d’accorder au Québec le droit de « fixer des conditions à l’obtention d’une résidence permanente ». Sa demande a toutefois été rejetée du revers de la main par Justin Trudeau, reporté au pouvoir.
Dans un tel scénario, Ottawa aurait été responsable d’expulser un immigrant qui aurait échoué au test québécois.
Le chef libéral avait plutôt souligné que le Québec peut imposer ses conditions à l’octroi du Certificat de sélection du Québec (CSQ), qu’un travailleur qualifié doit obtenir avant de déposer une demande de résidence permanente auprès d’ottawa.
AVANT D’ARRIVER
C’est la voie que suivra le gouvernement Legault. Dès le 1er janvier 2020, les candidats devront suivre une formation en ligne de 60 minutes et ensuite réussir un test de 20 questions à choix multiples.
La note de passage est établie à 75 % et les candidats auront trois chances de réussir le test, avant de devoir reprendre l’ensemble du processus d’immigration.
Après un deuxième échec, une personne pourra toutefois suivre une formation de 24 heures qui donnera accès au CSQ, sans se soumettre à un test.
S’ils le préfèrent, les candidats pourront également choisir de suivre directement cette formation, nommée Objectif intégration.
POSSIBLE DE TRICHER ?
Pour le ministre de l’immigration, Simon Jolin-barrette, « cette nouvelle mesure contribuera à une intégration plus rapide et de manière durable à la société québécoise ».
Mais puisqu’il sera possible de répondre au test à partir de son propre ordinateur, rien n’empêchera les gens de tricher, notamment en faisant appel à des membres de leur famille.
« On fait confiance aux candidats à l’immigration », dit le ministre, tout en précisant que son ministère a le pouvoir de mener des vérifications après coup.
HAUSSE DE L’IMMIGRATION
Par ailleurs, le Québec rehaussera ses seuils d’immigration dès l’an prochain. Après les avoir abaissés de 50 000 à 40 000 à son arrivée au pouvoir, le gouvernement Legault revoit ses cibles à la hausse dès l’an prochain pour accueillir de 43 000 à 44 500 nouveaux arrivants.
Le ministre Jolin-barrette estime que Québec peut se permettre cette hausse grâce aux mesures mises en place depuis un an pour faciliter l’intégration et la francisation des immigrants. « Nous avons toujours été clairs, la baisse des seuils était temporaire », a-t-il déclaré.