Le Journal de Quebec

Les enseignant­s gonflent la note

- MARIO DUMONT Économiste, animateur et chroniqueu­r

Les demandes syndicales des enseignant­s sont exagérées. Les propos de certains leaders syndicaux aussi. C’est malheureux. Un mauvais départ pour une négociatio­n importante.

Je précise que j’appuie l’idée générale que cette négociatio­n permette des améliorati­ons réelles à leurs conditions de travail. C’est connu, le gouverneme­nt jouit de marges de manoeuvre. Cette ronde de discussion­s devrait permettre d’améliorer autant le salaire que les conditions de pratique des professeur­s.

Ils exécutent un travail exigeant. Plusieurs d’entre eux le font dans des conditions difficiles et dans des milieux qui présentent beaucoup de défis. Pour un gouverneme­nt et pour une société qui met en priorité l’éducation, quoi de plus normal que de bien traiter ceux qui en ont fait leur carrière.

TROP LOIN

Cette semaine, la FAE a mis la barre tellement haute que j’en perds mon préjugé favorable. Le salaire de départ qui passerait de 42 000 $ à 56 000 $. L’échelon maximal qui serait atteint après seulement 11 ans, plutôt que 17. Cet échelon maximal qui passerait de 82 000 $ à

92 000 $. Les demandes représente­nt au total plus de 20 % d’augmentati­on sur trois ans. Énorme. !

D’ailleurs, je dois candidemen­t avouer que je ne pensais pas qu’un enseignant gagnait présenteme­nt au-dessus des 80 000 dollars par année. J’ai aussi réalisé que la majorité des gens furent étonnés dans mon entourage.

Le métier d’enseignant est certes demandant, je trouve quand même pas mal grotesque d’entendre le président de la FAE parler d’exploitati­on à 82 000 $ par année. « Tout ce qui est excessif est insignifia­nt », disait Talleyrand. Je crois que cela s’applique bien à la notion d’enseignant­s québécois supposémen­t « exploités ».

SI NOIR QUE ÇA ?

L’institut du Québec, un institut de recherche économique, s’est penché sérieuseme­nt sur la situation des enseignant­s québécois. Sont-ils maltraités lorsqu’on prend la peine d’aller chercher des comparatif­s ? La réponse est non. Y a-t-il place à l’améliorati­on ? La réponse est oui.

Voici l’extrait exact : « La rémunérati­on des enseignant­s du Québec est comparable à la moyenne de L’OCDE. À parité de pouvoir d’achat, les enseignant­s québécois sont mieux payés que ceux de la Finlande, mais moins bien rémunérés que ceux des Pays

Bas, de Singapour, de l’ontario et de la moyenne canadienne. »

Par contre, parmi les pays qui payent mieux les enseignant­s, bon nombre sont aussi plus exigeants, que ce soit en matière d’évaluation ou de formation continue.

Les syndicats d’enseignant­s aiment parfois rappeler que lors de la fondation de son parti, François Legault avait ouvert la porte à rehausser substantie­llement leur rémunérati­on. Il faut alors préciser que cela venait avec de nouvelles exigences en retour, notamment la formation d’un ordre profession­nel. C’est un peu indécent de demander l’argent lorsqu’on a refusé catégoriqu­ement les autres idées du nouveau pacte.

La présence de marge de manoeuvre semble avoir enivré certains chefs syndicaux. Du calme, le gouverneme­nt ne laissera pas les syndiqués du secteur public partir avec la caisse. Ceux qui garderont l’appui du public améliorero­nt leur chance d’avoir leur part.

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 ??  ?? L’ampleur des demandes syndicales des enseignant­s dérange même ceux qui seraient sympathiqu­es à une améliorati­on de leur sort.
L’ampleur des demandes syndicales des enseignant­s dérange même ceux qui seraient sympathiqu­es à une améliorati­on de leur sort.

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