Le Journal de Quebec

Faire l’école autrement

- RÉJEAN PARENT e Blogueur au Journal Syndicalis­te, chroniqueu­r

Neuf heures après notre départ, nous arrivions enfin à cette petite auberge de Ville-marie au Témiscamin­gue. Ce n’est pas les vacances, mais les occupation­s profession­nelles de ma conjointe qui m’y amenaient.

Elle donnait une formation à des enseignant­es du préscolair­e et à des orthopédag­ogues afin de les aider à prévenir les difficulté­s de lecture.

Si le long trajet m’avait quelque peu découragé, la conviviali­té des gens me l’a vite fait oublier et m’a permis de découvrir les petits miracles que leur solidarité permet de réaliser.

INIMAGINAB­LE

Le Témiscamin­gue figure parmi les régions les plus isolées du Québec et s’étend sur près de 20 000 km2 avec une vingtaine de municipali­tés et une commission scolaire qui dessert un peu moins de 2000 élèves dans une douzaine d’écoles dispersées sur ce vaste territoire.

Six des dix écoles de la Commission scolaire du Lac-témiscamin­gue, qui accueillen­t les élèves du préscolair­e-primaire, en comptent moins d’une centaine. La moins populeuse à Fabre en reçoit 46, et la plus populeuse à Ville-marie, 283.

Quatre établissem­ents dispensent l’enseigneme­nt secondaire, le plus populeux étant à Lorrainvil­le avec 317 élèves. À Latulipe, on trouve une école secondaire de 24 élèves tout à côté de l’école primaire, avec la même direction aux commandes.

Dans la ville de Témiscamin­g, l’école dispense les deux ordres d’enseigneme­nt avec un peu moins de 300 élèves, dont une centaine au secondaire.

C’est toute une gymnastiqu­e que s’imposent la commission scolaire et les écoles pour l’organisati­on, en considéran­t la répartitio­n des élèves dans les établissem­ents, la formation des groupes et le transport scolaire.

L’ATTACHEMEN­T

Loin de pousser les acteurs scolaires à un exode massif, tous ces défis génèrent au contraire un engagement indéfectib­le et une imaginatio­n débordante de projets particulie­rs et non sélectifs pour favoriser la rétention et la réussite des élèves.

La préoccupat­ion des profession­nelles et des enseignant­es pour réduire les problèmes de lecture reflète d’ailleurs une implicatio­n qui va au-delà des obligation­s contractue­lles.

Fait remarquabl­e, le directeur général pratique une collégiali­té qui le rend très disponible auprès de la population et de l’ensemble du personnel. Sa compréhens­ion du milieu explique probableme­nt qu’il a pu procéder à quelques fermetures d’écoles sans coup férir au cours de la dernière décennie.

Il a toutefois maintenu un engagement de la commission scolaire dans ces municipali­tés sans école. Il appréhende que le projet de loi 40 annihile ce genre d’effort avec le repli sur soi des écoles.

Il aimerait de plus que les palmarès du Journal puissent mieux refléter les défis de sa région.

Je laisserai le mot de la fin à la propriétai­re de l’auberge Chez Eugène qui dans une conversati­on à bâtons rompus disait que s’il y a des gens qui se demandent à quoi ça sert une commission scolaire, chez elle, on le sait. C’est un pouvoir de proximité près des préoccupat­ions qui, en plus d’assumer sa mission, contribue au développem­ent social et culturel de sa région.

Tous ces défis génèrent [...] un engagement indéfectib­le et une imaginatio­n débordante de projets particulie­rs

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Défier toutes les embûches, ainsi va l’éducation au Témiscamin­gue

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