Le confessionnal libéral
Justin Trudeau consulte. Encore. Minoritaire, face à un pays divisé, il y a de quoi. Premiers ministres provinciaux, maires, gens d’affaires, tout le monde y passe, semble-t-il. Il a surtout appelé en renfort deux conseillères externes pour évaluer ses ministres ! Deux femmes, une de l’alberta, l’ancienne ministre de la Justice Anne Mclellan, et son ambassadrice à Paris, Isabelle Hudon, angle Québec oblige.
Les cyniques y verront un autre exercice nourri par l’obsession de l’image et des symboles. Le premier ministre féministe, sa main tendue aux provinces qui lui ont tourné le dos.
Objectivement le problème est ailleurs.
UNE GRANDE PARTIE DE POKER
Imaginez une minute le ministre des Finances, Bill Morneau, débarquer ainsi au confessionnal. Est-il censé faire son autocritique comme à l’ère Mao ? Ou plutôt déballer le linge sale des quatre dernières années ?
Et Chrystia Freeland ? La ministre des Affaires étrangères va rendre des comptes à une ambassadrice qui relève de son propre sous-ministre ? C’est comme un PDG qui défendrait sa performance auprès d’un directeur des ventes !
Lequel ou laquelle des ministres osera se plaindre du manque d’engagement du premier ministre dans le détail des dossiers ? Ou de la mainmise de sa garde rapprochée torontoise ? De la déconnexion du Québec francophone lors des décisions stratégiques ? De l’obsession avec l’image, du narratif au détriment des enjeux et leur complexité ?
Les règles du jeu sont loin d’être claires, chacun semble engagé dans une partie de poker politique.
UN PREMIER MINISTRE DÉCONNECTÉ ?
Officiellement, ces rencontres devraient permettre aux ministres d’êtres plus candides qu’en présence de leur patron, le premier ministre.
Tant mieux si c’est vrai. Mais le constat consacre alors les lacunes de son leadership.
Après 4 ans au pouvoir, après le fiasco de Snc-lavalin, on oserait croire que Justin Trudeau a suffisamment le pouls de son parti pour connaître les problèmes qui le hantent et les défis qui l’attendent.
D’ailleurs, le côté dysfonctionnel de son bureau alimente assez les conversations dans la capitale, depuis assez longtemps qu’il devrait déjà avoir amplement réfléchi à comment résoudre la question.
Est-ce que Justin Trudeau est encore une fois en train de jouer le jeu de l’image ? Ou compte-t-il vraiment relancer son 2e mandat sur les bonnes bases ?
Il faudra attendre de longs mois avant d’en avoir le coeur net. Entre les ambitions politiques, les loyautés à géométrie variable et le bien du pays, le casse-tête est complexe, les solutions miracles inexistantes.
Les règles du jeu sont loin d’être claires, chacun semble engagé dans une partie de poker politique.