PAS DE PASSE-DROIT
Tout juste avant le début de la saison 2018 de la LHJMQ, Bruce Richardson a dû prendre une décision difficile, mais logique : il devait retrancher son fils de la formation.
Choix lointain de 10e ronde en 2017, Blake est arrivé chez l’armada avant son père, qui a été embauché en juin 2018. Les soupçons de favoritisme peuvent donc s’arrêter immédiatement.
« On a géré ça dans le bureau de l’entraîneur, on lui a dit qu’il devait aller prendre de l’expérience, avoir plus de temps de jeu et on voulait qu’il prenne plus de masse musculaire, on le trouvait petit », a résumé le père.
« Il a très bien compris, je pense qu’il s’y attendait, il est assez intelligent pour comprendre qu’il n’était pas rendu là dans son développement. »
RETOUR
Comme l’armada était en reconstruction, l’équipe a été très active pendant la période d’échange à la fin du mois de décembre 2018 et a rappelé plusieurs joueurs des rangs inférieurs pour les évaluer.
Bruce n’a pas fait de cadeau à son fils qui avait amassé 25 points en 26 matchs avec le Cégep André-laurendeau dans la première division collégiale. Il lui a lancé un défi qu’il a relevé avec brio.
« On avait trois matchs pour faire les évaluations, j’ai fait jouer Blake contre Drummondville qui était la meilleure équipe au Canada et il a été exceptionnel », se remémore Bruce.
« Mon assistant, Jean-françois Fortin, a été très objectif et il m’a dit que ça aurait été contre les valeurs de l’équipe de ne pas le garder. Depuis ce temps, il n’arrête pas de progresser.
« On a décidé avec Joël Bouchard et le directeur général, Pierre Cloutier, que c’était incompréhensible si on ne le gardait pas. »
À SA PLACE
Blake assure qu’à l’aréna c’est toujours coach à Bruce, mais jamais papa. Ce n’est même jamais passé proche d’arriver.
« Je n’échappe jamais un papa à l’aréna, j’oublie complètement que c’est mon père, c’est rendu une habitude.
« Je me sens comme un autre joueur, ce n’est pas plus dur ou plus facile, assure-t-il. Si vous étiez dans notre équipe pendant une saison, vous ne sauriez même pas que c’est mon père, je suis traité de la même façon que les autres joueurs. »
Bruce ajoute qu’il y a déjà eu des murmures, mais qu’il n’y a jamais prêté attention.
« Il a sa place ici et les gens commencent à s’en rendre compte. L’an passé, on n’avait pas une saison incroyable alors les gens critiquaient facilement.
« Mais ils ne voient pas de l’intérieur ce que nous faisons. On ne fait pas du hockey pee-wee, je suis payé pour gagner des matchs de hockey. »
CHAPEAU, LES COÉQUIPIERS !
Et les coéquipiers de Blake, comment vivent-ils avec le fait que le père dirige le fils ?
« Je lève mon chapeau à mes coéquipiers, je suis chanceux de les avoir. Ils savent autant que moi que c’est mon coach à l’aréna et ils n’en parlent jamais », ajoutant que son père est apprécié de ses joueurs pour ses qualités de communicateur.
Et on peut vous confirmer qu’il l’est. Affable, l’homme prêche beaucoup pour la passion dans la pratique du sport. Normal quand on sait qu’il se décrivait comme un agitateur quand il jouait.
« Blake, c’est plus un joueur intellectuel, explique Bruce. Quand il était jeune, je faisais de la vidéo à la maison et il venait s’asseoir avec moi pour comprendre.
« Je ne sais pas ce qu’il va faire dans la vie, mais je pense qu’il va être dans le hockey, que ce soit comme joueur professionnel, comme dépisteur ou entraîneur. Il a une capacité d’analyse incroyable. »
L’admiration et l’amour sont très évidents même si ça demeure extrêmement professionnel, et à cet égard la famille Richardson mérite beaucoup d’admiration.