Les hauts et les bas de la mi-mandat
La chronique de Karine Gagnon
La moitié du quatrième mandat de Régis Labeaume à la tête de la Ville de Québec s’est écoulée, et jamais le maire et son équipe n’ont paru aussi peu en possession de leurs moyens.
Après sa réélection en novembre 2017, le maire réussit son meilleur coup. Il négocie en secret avec le gouvernement du Québec pour dénouer l’impasse dans laquelle se trouve le projet de transport structurant. Largué par la Ville de Lévis, le projet de SRB n’est plus.
En mars 2018, M. Labeaume et le premier ministre d’alors, Philippe Couillard, présentent un projet structurant de 3,3 milliards incluant tramway, trambus et nouvelles lignes de Métrobus.
Régis Labeaume parviendra ensuite à obtenir l’engagement de tous les partis à l’assemblée nationale pour le financement du projet. La contribution du fédéral a été confirmée en 2019. Ce sera certainement son plus grand legs.
ESSOUFFLEMENT
Dans les mois qui suivent, le maire montre toutefois plusieurs signes d’essoufflement. Moins passionné, il se montre des plus impatients.
Il y va même d’une déclaration malheureuse à l’endroit de son bras droit
Jonatan Julien, qui selon lui l’aurait « échappé » dans le dossier de la centrale de police.
Ce faux pas, qui mènera à la démission de M. Julien puis à son départ pour la CAQ, sera le signe annonciateur d’une année houleuse pour le maire.
Deux mois plus tard, un autre conseiller d’équipe Labeaume, Raymond Dion, devient indépendant « pour pouvoir s’exprimer plus librement ».
Mais plus encore, le départ de M. Julien mène à une élection partielle dans Neufchatel-lebourgneuf. Un an plus tôt, Équipe Labeaume l’avait emporté avec une importante avance. Le maire aurait-il tenu les électeurs pour acquis ?
Néanmoins, avec un taux de participation anémique et un résultat très serré, le conseiller Patrick Paquet, de Québec 21, est élu. Signe des temps, pour la première fois depuis 12 ans, Régis Labeaume doit faire face à six conseillers d’opposition.
« ONE MAN SHOW »
Comble de malheur, M. Labeaume annonce en mars dernier qu’il combat un cancer de la prostate. La maladie l’a mis hors circuit pour plusieurs mois.
En plus de l’épreuve sur le plan humain, il s’agit d’un défi considérable pour une équipe forgée sur le modèle du one man show.
L’absence du maire aurait dû contribuer à mettre à l’avant-plan des personnalités plus fortes de son équipe.
Le plus en vue, Rémy Normand, se montre plus maladroit qu’efficace. Il est d’ailleurs surprenant de voir que personne, dans l’entourage du maire, ne lui a encore expliqué qu’il ne gagnerait jamais rien à se mettre à dos les journalistes.
On aurait avantage à donner plus de place à Marie-josée Savard, également vice-présidente du comité exécutif, qui s’exprime mieux et paraît plus diplomate.
MOINS D’ENGOUEMENT
Puis, autre signe des temps, le cocktail de financement d’équipe Labeaume, qui attire toujours bon nombre de supporteurs de l’administration en place, ne s’est pas avéré aussi rassembleur cette année. Les gens ne se sont pas déplacés en aussi grand nombre.
À mi-chemin de ce quatrième mandat, les vents contraires soufflent, et de grands efforts devront être déployés pour ramener le navire dans la bonne direction.
La tâche est immense, d’autant plus qu’on sent que, depuis son retour à la fin du printemps, M. Labeaume lutte pour tenter de retrouver son énergie.