Retour sur un crime datant de 1985
Yves « Colosse » Plamondon demande au Procureur général du Québec 35 M$ en dommages
Après avoir passé 28 ans en détention pour trois meurtres qu’il a toujours nié avoir commis, Yves « Colosse » Plamondon poursuit le Procureur général du Québec (PGQ), et le procès au civil s’est ouvert hier avec des déclarations de son ancien acolyte André « Bull » Desbiens.
En 1985, les cellulaires étaient « gros comme des valises », les policiers mettaient sur écoute « les cabines téléphoniques », la consommation de cannabis n’était pas légale, et « Colosse » faisait la pluie et le beau temps dans la basseville de Québec.
Depuis cette époque, beaucoup de choses ont changé. Les règles entourant la divulgation de la preuve ont aussi beaucoup évolué.
POURSUITE
Vieille de plus de 30 ans, l’histoire de Plamondon, âgé de 69 ans, refait une fois de plus surface dans le cadre de cette poursuite au civil qui vise à obtenir un dédommagement de 35 M$.
Selon les avocats de Plamondon, le procureur qui a piloté le procès devant jury, à l’époque, « a omis volontairement » de divulguer, entre autres, les déclarations de deux témoins qui se sont ensuite contredits au procès.
Le juge Jean-françois Emond devra donc déterminer si la divulgation de ces déclarations aurait changé l’issue du procès et si, dans ce cas, ces « omissions » et les conséquences qu’elles ont eues méritent un dédommagement.
HISTORIQUE D’UNE ENQUÊTE
Comme premier témoin, l’avocate du PGQ, Me Patricia Blair a appelé à la barre des témoins l’enquêteur Denis Alain qui était chargé du dossier pour meurtre de Claude Simard.
Reprenant une à une les déclarations obtenues lors de l’enquête, l’ancien policier de la Sûreté du Québec a expliqué à la Cour comment, rapidement, ils en étaient venus à soupçonner Plamondon d’être l’auteur du meurtre.
La collaboration du partenaire de Plamondon, André « Bull » Desbiens, est aussi venue « placer les cartes », et c’est notamment cette déclaration qui se retrouve au coeur du présent litige puisqu’elle n’a pas été divulguée au début de l’affaire.
« Pourquoi monsieur Desbiens a accepté de collaborer avec vous ? » a alors demandé l’avocate du PGQ.
« Il a collaboré parce qu’il avait des dettes envers Plamondon. Lui aussi avait peur de se faire passer. On lui a offert la sécurité », a ajouté le policier.
PROCÈS D’UN MOIS
Lors de ce procès civil, les avocats du PGQ ont déjà annoncé qu’en plus du policier chargé de l’enquête, le président du tribunal pourra entendre le psychiatre légiste Joel Watts qui a évalué Plamondon dans le cadre d’une expertise psychiatrique.
Le juge René de la Sablonnière qui, en 1986, agissait à titre de procureur de la Couronne ayant obtenu la condamnation de Plamondon sera également appelé à témoigner la semaine prochaine.