Le Journal de Quebec

Unis contre le fléau de la prostituti­on juvénile

Le Québec est devenu une « plaque tournante » de l’exploitati­on sexuelle des mineurs

- DOMINIQUE LELIÈVRE

Le proxénète moyen profiterai­t de cinq à six filles, lesquelles peuvent potentiell­ement lui rapporter jusqu’à 300 000 $ par an chacune, des chiffres de nature à choquer les membres de la Commission spéciale sur l’exploitati­on sexuelle des mineurs, qui entamait ses travaux à l’assemblée nationale, hier.

« C’est un crime qui est très, très, très payant », et pour lequel il y a malheureus­ement une demande, a dénoncé le député caquiste et ex-policier Ian Lafrenière, en partageant ces estimation­s troublante­s sur la prostituti­on juvénile.

Au premier jour des consultati­ons, la Commission, composée de 13 élus provenant de tous les partis, a abordé sans tabous le sujet de l’exploitati­on sexuelle des mineurs, qui comprend la marchandis­ation de services, mais aussi la production de pornograph­ie et les agressions sexuelles.

Ailleurs au Canada et aux États-unis, le Québec a la réputation d’être une « plaque tournante » de ce commerce illicite, a déploré M. Lafrenière, qui préside la Commission.

Hors de la province, les jeunes Québécoise­s seraient perçues comme étant « exotiques » et généreraie­nt plus d’argent. Leur déracineme­nt a pour effet de les rendre plus vulnérable­s.

PLUS JEUNES

Le nombre de victimes d’abus est très difficile à chiffrer, mais alarmant : des centaines de dossiers sont recensés chaque année, seulement à Montréal.

Plus inquiétant encore, celles-ci sont de plus en plus jeunes : au Québec, certaines ont seulement 12 ans, a mentionné le président de la Commission.

D’ailleurs, les membres de la Commission insistent pour employer le terme « client-abuseur », plutôt que simplement « client », en espérant faire réaliser la gravité des conséquenc­es pour les victimes.

« Ces clients sont des abuseurs, des pédophiles, des vicieux, des violeurs », a lâché la vice-présidente de la Commission, la libérale Christine St-pierre.

AUCUNE HONTE

La majorité des clients de la prostituti­on juvénile sont des « citoyens moyens » ; ils proviennen­t de tous les milieux, et plusieurs ont des familles, a soulevé le directeur du Service de police de Laval, Pierre Brochet, devant la Commission.

Ceux qui se font prendre, la plupart du temps, ne sont pas habités par des remords, mais plutôt par la peur que ces gestes soient connus de leur entourage.

Il faut « détruire » la demande, et des campagnes de sensibilis­ation sont nécessaire­s afin de rendre ces crimes « odieux » et « inacceptab­les », même dans l’esprit des abuseurs, a exhorté M. Brochet. La Commission se poursuit jusqu’à jeudi à Québec. Elle se déplacera cet hiver à Montréal et en Abitibi. Son rapport est attendu au plus tard à l’automne 2020.

« J’AIMERAIS ÇA VOUS DIRE QUE CE N’EST

PAS LE CAS, MAIS MALHEUREUS­EMENT,

LES CLIENTS-ABUSEURS, ILS VEULENT AUSSI

DES JEUNES, LES PLUS JEUNES POSSIBLE. »

– Ian Lafrenière, président de la Commission spéciale sur l’exploitati­on sexuelle des mineurs

 ?? PHOTO SIMON CLARK ?? La Commission spéciale sur l’exploitati­on sexuelle des mineurs a débuté ses travaux, hier, à l’assemblée nationale, sous la présidence du député caquiste et ex-policier Ian Lafrenière ( photo) et en présence de 12 autres élus de tous les partis. Elle entendra toute la semaine divers experts et représenta­nts de services de police et d’organismes communauta­ires.
PHOTO SIMON CLARK La Commission spéciale sur l’exploitati­on sexuelle des mineurs a débuté ses travaux, hier, à l’assemblée nationale, sous la présidence du député caquiste et ex-policier Ian Lafrenière ( photo) et en présence de 12 autres élus de tous les partis. Elle entendra toute la semaine divers experts et représenta­nts de services de police et d’organismes communauta­ires.

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