Le Journal de Quebec

Naziland, Qc ?!

- JOSEPH FACAL joseph.facal@quebecorme­dia.com

Jusqu’à l’élection fédérale du 21 octobre, les élites du Canada anglais faisaient attention quand elles abordaient la laïcité québécoise.

On ne voulait pas souffler sur les braises de notre nationalis­me.

La résurrecti­on du Bloc a fait disparaîtr­e toute retenue.

HISTOIRE

On lit la presse du Canada anglais et on a envie de vomir : le Québec y est dépeint comme un ramassis de racistes qui bafouent les droits des minorités, surtout de ces « pôôôvres » musulmanes voilées.

La loi 21, à laquelle on fait dire ce qu’elle ne dit pas, n’est que le prétexte le plus récent pour réactiver un procès collectif qui dure depuis deux siècles.

La vérité est que nous n’avons aucune leçon à recevoir du Canada anglais.

Les colons venus de France eurent, avec les Amérindien­s, des relations infiniment moins violentes que celles des Britanniqu­es ou des Américains.

En 1807, les électeurs de TroisRiviè­res furent les premiers de tout l’empire britanniqu­e à élire un député juif, Ezekiel Hart, au moment où l’université Mcgill était interdite aux juifs.

Dans la Déclaratio­n d’indépendan­ce de 1838, les patriotes proclamère­nt l’égalité des droits des autochtone­s et des non-autochtone­s, une idée avant-gardiste pour l’époque.

Quand ma famille et moi arrivâmes à Sherbrooke, en 1970, en provenance de notre Uruguay natal, nous fûmes accueillis avec fraternité.

Nous savions distinguer l’incompréhe­nsion du racisme.

Le 15 novembre 1976, les électeurs de Papineau élirent, sous la bannière péquiste, Jean Alfred, d’origine haïtienne.

Puis les Québécois ouvrirent leurs bras à des Vietnamien­s qui fuyaient dans des bateaux de fortune, à des Libanais chassés par la guerre civile, comme ils avaient jadis accueilli des vagues d’italiens, de Grecs et de Portugais.

Quand l’amérique latine connut sa vague de dictatures et de guerres civiles, nous accueillîm­es des Chiliens, des Argentins, des Salvadorie­ns, etc.

En 1980 et 1995, quand les souverai

« Quand deux colonisés se rencontren­t, ils parlent en bien de leur maître. »

nistes se heurtèrent au refus massif, monolithiq­ue, de leur projet au sein des communauté­s issues d’une immigratio­n récente, ils avalèrent leur pilule sans violence ni esprit de revanche.

Quand de faux réfugiés utilisèren­t le chemin Roxham pour entrer illégaleme­nt chez nous, personne ne proposa de construire un mur ou d’user de violence.

COLÈRE

À l’inverse, ce Canada qui nous fait la morale depuis plus de deux siècles, c’est celui des réserves et des pensionnat­s autochtone­s.

C’est celui de l’internemen­t des Italo-canadiens et des Nippo-canadiens pendant la Seconde Guerre mondiale.

C’est celui où toutes les provinces sauf le Québec, toutes, adoptèrent des lois bannissant le français de l’enseigneme­nt entre 1870 et 1912.

C’est celui qui, aujourd’hui, se fout de l’assimilati­on des francophon­es hors Québec.

C’est celui qui applaudit à l’envoi de l’armée au Québec en 1970, à l’emprisonne­ment arbitraire d’innocents, à l’imposition unilatéral­e d’une constituti­on, et aux tricheries référendai­res en 1995.

Et ces gens se permettent de nous insulter ?

Malheureus­ement, la capacité de certains Québécois à tout accepter est infinie. Quand deux colonisés se rencontren­t, ils parlent en bien de leur maître.

Et si les autres se fâchaient pour de vrai ?

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